Né avec le développement du capitalisme industriel manufacturier, à la fin du XIXe siècle, le syndicalisme est souvent considéré comme étant mal adapté à l’internationalisation de la production et aux récentes métamorphoses de l’économie mondiale. Figés dans un cadre légal lié aux grandes réformes initiées dans les années 1930, les syndicats ont développé des répertoires d’action essentiellement locaux ou nationaux.
Pourtant, depuis les origines du mouvement ouvrier moderne, les syndicalistes ont créé des organismes internationaux leur permettant de maintenir des contacts réguliers, voire de mener des actions communes. Alignées sur les différents courants de pensée aux origines du syndicalisme (communiste, socialiste-réformiste et social-chrétienne), ces organisations ont toutefois rarement dépassé le stade de structures bureaucratiques et se sont, de plus, retrouvées phagocytées par la dynamique issue de la guerre froide.
L’internationalisation de l’économie pose des défis variés et inter-reliés aux différentes organisation syndicales :
– d’une part, les faibles réglementations sociales des pays du Sud qui sont souvent perçues comme des facteurs permettant une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux nuisent aux travailleurs qui ne peuvent développer d’authentiques organisations syndicales ;
– d’autre part, ce “dumping social” entraîne la délocalisation de certaines industries depuis le Nord vers le Sud et est utilisé comme argument par plusieurs gouvernements, et même par les entreprises, pour forcer à la baisse les différents mécanismes de protection sociale acquis par les travailleurs du Nord.
Face à cela, deux pistes de solution sont principalement explorées par les syndicats :
– le renforcement de l’État comme protecteur des travailleurs et garant de la suprématie du politique sur l’économique. Toutefois, cet ordre de revendications entre souvent en contradiction avec le discours dominant les scènes politiques nationales, au sein desquelles toute forme de “retour à l’État” est désormais regardée d’un air suspicieux ;
– le développement d’un authentique internationalisme syndical, à la fois par le renouveau des “vieilles” organisations syndicales internationales, et par la création de nouvelles formes de solidarité. Mais là encore, les intérêts et les orientations politiques divergents des différents groupes de travailleurs ainsi que l’absence de règles formelles de gouvernance sont autant d’obstacles à franchir.
C’est sur cette deuxième piste que cette section se concentrera en abordant les différentes initiatives syndicales visant le développement d’une gouvernance globale du travail, notamment :
– les initiatives politiques, notamment au travers de la nouvelle Confédération syndicale internationale (CSI) fondée en 2006 ;
– les initiatives sectorielles, initiées principalement par les Fédérations syndicales internationales (FSI) et qui prennent, entre autres, la forme d’Accords-cadres avec les firmes multinationales ;
– les initiatives d’ordre régional, notamment en ce qui a trait aux divers accords de libre-échange signés par les États ;
– les collaborations plus ponctuelles, bilatérales ou informelles, voyant souvent le jour en alliance avec d’autres mouvements sociaux. Syndicats
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