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Josiane Boulad-Ayoub

Biographie

Josiane Boulad-Ayoub est Professeure émérite au Département de philosophie de l’UQAM, titulaire de la Chaire UNESCO d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique et membre régulier de l’Institut d’études internationales de Montréal.

Josiane Boulad-Ayoub est née à Alexandrie d’Égypte. Elle fait des études en philosophie à l’Université de Lyon III sous la direction du professeur Geneviève Rodis-Lewis. Sa thèse de doctorat d’État porte sur Le statut de la théorie des Idées de Platon à Malebranche. Descartes et la thèse de l’innéisme. Immigrée au Canada en 1969, elle devient directeur du département de philosophie au CEGEP du Vieux-Montréal (1973 à 1979), puis engagée à l’Université du Québec à Montréal, elle est successivement directrice du module de philosophie (1980-1984), du certificat en sciences sociales qu’elle a contribué à fonder (1983-1985) puis directrice du département de philosophie (1992-1996), vice-doyenne à la recherche de la Faculté des sciences humaines (2004-2007), et, en 2011, professeure émérite de l’UQAM. En 1999, elle devient la première titulaire de la Chaire Unesco d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique au Canada, l’UNESCO reconnaissant ainsi le rayonnement international de la titulaire. Également en 1999 elle est lauréate de l’ACFAS et reçoit le prix des Sciences Humaines qui couronne l’ensemble de l’œuvre de chercheurs éminents. La République Française l’a élevé au grade d’officier dans l’ordre national des Arts et Lettres (mai 1999). En 2000, elle obtient la plus prestigieuse des bourses de recherche du Canada, la bourse Killam du Conseil des Arts du Canada pour poursuivre sa recherche sur les Idéologues et leur contribution à l’évolution économique et politique des sociétés démocratiques contemporaines, suivi d’un Visiting Scholar Fellowship, University of Oxford, Voltaire Foundation (2001-2002) . Elle a également reçu le prix d’excellence en enseignement (volet carrière) en 2009 de l’UQ., la médaille du Jubilé de diamant de la Reine en 2013. Elle a été élue à la Société Royale du Canada, Académie des Lettres et sciences humaines en 1995 et dans l’Ordre du Canada en juin 2015.

Son œuvre philosophique qui comprend plus de deux cents titres et interventions, s’étend dans trois directions principales :

1. Le matérialisme français des Lumières, ses prolongements sous la Révolution et chez les Idéologues.
2. L’activité symbolique dans la vie sociale.
3. L’histoire de la philosophie classique.

Ces trois directions ont un point commun : la question de la représentation.
L’étude du matérialisme français des Lumières met en relief les postulats naturalistes et la façon dont les philosophes ont présenté la pensée comme « faculté » organique ; elle analyse les réflexions de Diderot et de d’Holbach sur les processus cognitifs qui interagissent avec le corps et l’environnement naturel et social. J. Boulad-Ayoub montre comment cette analyse des faits de conscience s’engage sur la voie du matérialisme physiologique qui sera celui des Idéologues et préfigure le mind-body problem, central dans l’ontologie anglo-saxonne d’aujourd’hui. Dans cette perspective, elle a réédité les œuvres d’Holbach : Le Système de la nature , Le Système social, La politique naturelle , dont elle a revu et préfacé les textes dans le Corpus des œuvres philosophiques de langue française (Paris, Fayard).

Les travaux sur le XVIII e siècle et la Révolution française portent aussi sur les concepts politiques : peuple, nation, liberté, bonheur, raison et se synthétisent dans Contre nous de la tyrannie (Montréal, 1989) où est montrée comment le discours des philosophes, qui oppose à propos de la représentation politique les thèses de l’Encyclopédie et celles de Rousseau, a provoqué, dans la culture savante et dans l’imagination populaire, la Révolution. J. Boulad-Ayoub fut invitée aux cérémonies et aux manifestations qui ont marqué en France la célébration du bicentenaire de la Révolution et elle a prononcé une conférence remarquée à la Sorbonne sur les trois idéologèmes, liberté, égalité, fraternité. Les recherches actuelles portent sur la fonction politique du projet pédagogique des Idéologues, de Daunou à la Décade philosophique, d’une part, et de l’autre, sur les débats liés à l’avènement de l’État de droit, à propos notamment des questions de la représentation, de la souveraineté du peuple, de l’esprit public, des droits des minorités telles qu’elles se posent dans l’héritage libéral de la Révolution française . On examine comment l’économie et les mœurs se rejoignent au nom de l’utilité publique, comment se fait le passage du citoyen à l’ homo oeconomicus moderne et s’édifient les bases théoriques d’une société basée sur la concurrence.

Le couronnement magistral de tous ces travaux se présente sous la forme d’un dyptique monumental dont chacun des volets complémentaires constitue un outil de référence indispensable pour tous les chercheurs en sciences humaines. Il s’agit, d’un côté, de l’édition nouvelle des Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative et de la Convention nationale (17 volumes, Paris, 1998, 6354 p.), et, de l’autre, La Décade comme système (Un Prospectus et IX Tomes, Rennes, 2003, 4676 p.), une anthologie raisonnée et critique du militant journal des Idéologues, La Décade philosophique, littéraire et politique, témoignant, de 1794 à 1807, de la contribution multiforme de ce mouvement aux fondements du libéralisme démocratique contemporain et de ses institutions sociales. J. Boulad-Ayoub dans ses introductions substantielles, placées en tête des volumes, analyse, des Lumières à La Révolution et du Directoire au Consulat, le rôle capital joué par la création des institutions culturelles révolutionnaires dans la formation « d’un nouveau peuple » et de la mise en œuvre de la nouvelle philosophie. On associera à ces travaux la publication récente sur le républicanisme de l’Abbé Grégoire, fondateur de l’École des arts et métiers, sa défense des droits des Juifs et des Noirs : L’abbé Grégoire, apologète de la République (Paris, Honoré Champion, 2005, 256 p.) et contre le vandalisme (concept qu’il invente) la défense du patrimoine culturel et monumental : L’Abbé Grégoire et la naissance du patrimoine national suivi des Trois rapports sur le vandalisme (Québec, PUL, Mercure du Nord, 2012, 102 pages).

On peut aussi inscrire dans ce cadre le travail sur La tolérance en question à la veille de la Révolution française. Le discours sur la tolérance au XVIII e siècle initie en quelque sorte le débat contemporain sur le pluralisme et le mélange des cultures dans nos sociétés démocratiques. Poursuivant cette voie, et tout en continuant à s’appuyer sur l’héritage libéral de la Révolution française, sur l’effort doctrinal des Idéologues et du libéralisme démocratique qui lui est lié, J. Boulad-Ayoub se penche actuellement sur les questions théoriques fondamentales qui émergent des mutations actuelles de la société, sur la discussion des principaux réquisits des droits démocratiques et la reterritorialisation de l’espace socio-symbolique. En même temps, questionnant le concept d’esprit public, dans son passé et son présent, elle a entrepris d’explorer le territoire ambigu mis à l’enseigne de « l’esprit public », dont aujourd’hui le « bien commun » assume une des figures les plus fréquentes, tout en cherchant à baliser les voies délimitant les alternatives politiques en réponse à l’économisation du monde.

Les travaux sur l’activité symbolique dans la vie sociale, dont le cadre théorique est exposé dans Mimes et parades (Paris, 1995), sont l’aboutissement des recherches entreprises dans les années 80 sur la tradition matérialiste et les théories de l’idéologie. Rigoureux et foisonnant, l’ouvrage apporte une importante contribution aux sciences humaines en élaborant une théorie philosophique nouvelle des phénomènes socio-culturels. Soutenant l’actualité de la question de l’idéologie, J. Boulad-Ayoub propose une refonte méthodologique dans le domaine de la critique de la raison idéologique, en la présentant avant tout comme une activité sociale. À l’opposition traditionnelle vérité/erreur où l’on enferme l’idéologie, elle substitue les notions de valeur sémantique et de valeur stratégique.

Parallèlement à ces deux directions de recherche, J. Boulad-Ayoub n’a cessé de s’intéresser aux questions classiques de la philosophie qui restituent à celle-ci une histoire sans laquelle les concepts qu’elle véhicule aujourd’hui seraient inintelligibles. De nombreux articles alimentent le débat sur les enjeux du rationalisme cartésien et du rationalisme leibnizien, tel notamment son ouvrage récent sur La révolution cartésienne (Québec, PUL, 2006, 296 p.) et sur le jeu caractéristique entre raison, passions et liberté. L’intérêt pour la philosophie kantienne se manifeste par la publication de Fiches pour l’étude de Kant (PUQ, 1990), par des communications à divers congrès internationaux qui ont donné lieu à des publications, respectivement chez Vrin et chez Oxford University Press.
On ne saurait rendre compte de la dimension totale de l’œuvre de J. Boulad-Ayoub si l’on oubliait ses actions nombreuses, efficaces et généreuses au service de la communauté.
Les étudiants, principaux intéressés de l’institution universitaire, profitent pleinement et se réjouissent de ses cours tant à l’UQAM qu’à Aix où elle fut professeur invitée ; elle leur apporte une aide aussi bien philosophique que pratique dont ils lui sont fortement reconnaissants. Elle a monté en 1998 un cours de culture générale : De la Renaissance à la Révolution , sur Internet, qui a eu un grand succès et, en 1999, un séminaire virtuel de recherche pour les études supérieures sur le thème de la souveraineté nationale à l’heure de la mondialisation qui a donné lieu à un ouvrage collectif permettant de mettre le pied à l’étrier à de nombreux étudiants. Le cours virtuel a débouché sur une puissante synthèse Les grandes figures du monde moderne (Québec/Paris 2000), rehaussé d’illustrations et d’un CD-rom interactif.

Ses activités éditoriales ont été marquées par la direction de la revue de la Société de philosophie du Québec : Philosophiques, lue tant au Canada qu’en Europe, et vers laquelle elle a su attirer de prestigieuses contributions internationales. Elle a dirigé (1996-2005) la plus ancienne collection philosophique au Canada, la collection bilingue Philosophica aux PUO, et, actuellement, aux PUL, « Mercure du Nord », « Verbatim » et « DiKÉ » centrées sur les sciences humaines et la philosophie du droit. Fortement engagée dans les sociétés savantes, elle fut présidente de l’Association canadienne de philosophie et de la Société de philosophie du Québec, et est actuellement membre du Conseil de la Société Royale du Canada, à titre de directrice de ses publications. Elle a organisé de nombreux colloques internationaux et interdisciplinaires qui ont eu un retentissement considérable. Un des derniers et non le moindre témoignage du dévouement de J. Boulad-Ayoub à la communauté est la direction avec le regretté Raymond Klibansky d’un ouvrage sur La pensée philosophique d’expression française au Canada. Le rayonnement du Québec (PUL, 1998)), avec ce que la coordination des collaborateurs et la confection matérielle du livre exigent d’endurance et de ténacité. Elle a d’ailleurs elle-même contribué à l’ouvrage en tant que spécialiste des études modernistes et de la pensée marxiste, mais aussi en tant qu’observateur privilégié de la scène philosophique et l’un de ses principaux acteurs.
J. Boulad-Ayoub a toujours mené un combat : défendre la nécessité d’une éducation philosophique pour le plus grand nombre. Cette alexandrine, devenue fièrement citoyenne du Canada, a bien mérité de la philosophie et des sciences humaines qui ne resteront humaines dans la mesure seulement où elles ne se passeront pas de philosophie.


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