Pour une version réduite de ce cahier de recherche, voir : Deblock, Christian, « Le bilatéralisme commercial des États-Unis », dans Bernard Remiche et Hélène Ruiz-Fabri (dir.), Le commerce international entre bi et multilatéralisme, Larcier, Bruxelles, 2010, pp. 115-173.
Le régionalisme économique divise la pensée libérale, entre ceux qui y voient une entorse grave à l’ouverture multilatérale des marchés et une intrusion du politique dans le monde l’économie et ceux pour qui, au contraire, complémentaire du multilatéralisme, il stimule les échanges, ouvre de nouveaux domaines de libéralisation et favorise la coopération. Une abondante littérature existe sur ces débats, et mon propos n’est pas d’y revenir dans les pages qui suivent. Je voudrais plutôt orienter la discussion autour du libre-échange et du bilatéralisme et clarifier la place que l’un et l’autre occupent dans la politique commerciale américaine. Ce faisant, je voudrais lever deux malentendus. Concernant le libre-échange tout d’abord, il y a confusion de langage. La politique commerciale américaine n’est pas orientée vers le libre-échange mais vers l’ouverture ordonnée des marchés. Ordonnée dans le sens où cette ouverture doit être négociée selon un principe directeur, la réciprocité, et satisfaire à trois types d’exigences, de concurrence loyale, de respect des souverainetés et d’équité dans la répartition des avantages et des coûts. Concernant le bilatéralisme, je serai tout aussi direct : entre le bilatéralisme, le régionalisme et le multilatéralisme, il n’y a jamais eu pour les États-Unis qu’une différence de niveaux. Les règles commerciales doivent être les mêmes, les accords doivent être de type contractuel et la coopération institutionnalisée.
(suite dans le document joint)