Lieu : A-3316, pavillon Hubert-Aquin, UQAM, métro Berri-UQAM
Conférencier : Jean-Christophe Graz, professeur de relations internationales à l’Institut d’études politiques et internationales (Iepi) de l’Université de Lausanne, co-fondateur du Centre de recherche interdisciplinaire sur l’international (Crii).
Présidence : Michèle Rioux, directrice du CEIM.
Résumé
Cette communication porte sur la régulation des services dans le contexte émergent de leur internationalisation. Elle sʼintéresse plus particulièrement au rôle dévolu aux normes que des acteurs de toutes sortes élaborent en vue de spécifier les conditions de production et dʼusage des activités de service sur une échelle qui transcende lʼespace de souveraineté des Etats. La réflexion engagée a pour objectif dʼétablir sur cette thématique un dialogue entre lʼéconomie politique internationale et les analyses inspirées par la théorie française de la régulation. Ces travaux ont chacun de leur côté généré des hypothèses sur la relation entre tertiarisation, internationalisation et normalisation. Les chercheuses et chercheurs en économie politique internationale suivent de près les développements intervenus depuis lʼentrée en vigueur en 1995 de lʼAccord général sur le commerce des services. Ils se penchent sur les enjeux de pouvoir propres à la mondialisation du capitalisme et à la montée en puissance des acteurs non étatiques dans la transformation des règles qui lʼaccompagnent. Cʼest à ce titre quʼils considèrent le rôle structurant des normes sur la scène internationale, indépendamment des logiques de puissance, dʼimposition ou dʼéquilibre des forces mises en avant par les analyses conventionnelles des relations internationales. Les travaux régulationnistes ont, de leur côté, tenté de comprendre comment la problématique spécifique des services se situe au coeur du nouveau régime de croissance capitaliste qui voit le jour à la suite du fordisme. En se gardant de reproduire les poncifs des encenseurs de lʼéconomie de la connaissance, ils préfèrent étudier en quoi les activités de services suivent une logique atypique, sensiblement différente de celle de la production et de la consommation de masse des bien industriels qui était à lʼoeuvre dans le fordisme. Ils mettent en perspective les difficultés qui en résultent, aussi bien en termes de gains de productivité incertains et inégaux que de freins à lʼinternationalisation, en voyant là une contradiction majeure avec le mouvement de fond de la mondialisation.
Jean-Christophe Graz est professeur de relations internationales à l’Institut d’études politiques et internationales (Iepi) de l’Université de Lausanne et co-fondateur du Centre de recherche interdisciplinaire sur l’international (Crii). Il consacre ses travaux à l’économie politique mondiale, en particulier aux mécanismes informels de pouvoir et aux acteurs non étatiques de la régulation transnationale du capitalisme. Il a été chercheur et professeur invité dans diverses universités en Suisse, en France, au Royaume-Uni et au Canada. Il est notamment l’auteur de La gouvernance de la mondialisation (La Découverte « Repères », 2010, 3e éd.), Transnational Private Governance and its Limits (Routledge, 2008 - with A. Nölke, eds), Commerce international et développement soutenable (Economica, 2001 – avec M. Damian, dir.), Aux sources de l’OMC : La Charte de La Havane, 1941-1950 (Droz, 1999). Il achève actuellement un ouvrage à paraître aux Presses de Science Po (2012) sur la normalisation internationale des activités de service.