Résumé
L’aide à l’ajustement commercial demeure une question controversée chez les économistes. Les Etats-Unis l’ont pourtant intégrée à leur politique commerciale et à leur système de protection sociale, et ce, depuis 1962. Le programme a souvent été critiqué, il a été réformé à de nombreuses reprises, voire sérieusement malmené, notamment pendant les années Reagan, mais non seulement a-t-il toujours été reconduit et, aujourd’hui, élargi pour couvrir un nombre toujours plus grand de travailleurs, mais un large consensus s’est finalement établi à son sujet. Pour les uns, il fait corps avec la politique commerciale et, à ce titre, sa fonction est avant tout utilitaire : conserver la confiance du public et le dynamisme de l’économie américaine. Pour les autres, au contraire, il répond à des préoccupations d’équité et, à ce titre, sa fonction est avant régulatrice : assurer une juste répartition des gains et des coûts du commerce et soutenir les efforts des travailleurs pour s’adapter au changement. Reflet de deux conceptions opposées du commerce, ces deux arguments se croisent et s’entrechoquent tout au long de l’histoire du programme que l’auteur retrace dans ces pages. Pour celui-ci, toutefois, il convient de prendre également en considération les principes sur lesquels repose le modèle institutionnel commercial américain, notamment celui de réciprocité et celui de progrès, de même que les évolutions qu’a connues ce modèle, particulièrement à partir des années 1980. D’où l’argument qui est développé : autant l’aide à l’ajustement commercial a pu servir de garde-fou du système lorsque la politique commerciale était orientée vers l’ouverture des marchés, autant celle-ci apparaît-elle comme un programme de dernier secours dans un contexte où l’intégration des marchés ne permet plus comme autrefois de garantir la réciprocité et le progrès.
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