États-Unis
L’administration Clinton a essuyé une nouvelle rebuffade au Congrès ; celui-ci a repoussé d’un an le vote sur un projet de loi (approuvé par le Sénat aux premiers jours de novembre), portant sur l’attribution de privilèges commerciaux à plus de 70 pays d’Afrique, des Caraïbes et de l’Amérique Centrale. Le projet de loi aurait permis de reconduire la loi sur le Bassin des Caraïbes, tout en élargissant le système de préférences commerciales à un plus grand nombre de pays, d’Afrique comme des Amériques, et à un plus grand nombre de produits. Le point majeur de discorde a porté sur les importations de textile, un secteur-clé pour plusieurs économies d’Amérique centrale et des Caraïbes, mais excessivement sensible du point de vue de l’industrie aux États-Unis. Le Sénat avait proposé de limiter les exemptions tarifaires aux produits du textile fabriqués à partir de fibres d’origine états-unienne. L’Institut des Manufacturiers du textile américain s’est vivement opposé à cette proposition. Le projet, s’il avait été approuvé par le Congrès, aurait accordé à l’exécutif le premier laissez-passer en matière commerciale depuis 1994, c’est-à-dire depuis la ratification des accords de Marrakech portant création de l’OMC. Cela aurait été pour celui-ci une petite victoire politique, et aurait pour le moins donné un signal positif aux pays en développement avant Seattle, de même qu’aux économies de petite taille engagées dans les négociations des Amériques.
– Le déficit commercial des États-Unis continue de se creuser. La tendance n’est évidemment pas nouvelle, mais la crise financière en Asie et la désynchronisation des conjonctures entre les États-Unis, l’Europe et le Japon ont creusé davantage le déficit dans les deux dernières années. Le Département du Commerce estime que les chiffres atteints cette année surpassent de 57% le volume du déficit commercial de 1998 pour la même période ; celui-ci devrait atteindre les $US 255 milliards à la fin 1999. Le Japon et la Chine sont en tête de file, le déficit avec ces deux pays s’établissant respectivement, à $US 53, 4 et 49, 4 milliards pour les neuf premiers mois de l’année 1999. De nouveau l’administration Clinton a exprimé ses craintes de voir le déficit des comptes extérieurs relancer le protectionnisme aux États-Unis. Par la même occasion, de nouvelles accusations ont été portées contre les partenaires commerciaux des États-Unis, soit parce qu’ils n’appuient pas assez la croissance de l’économie mondiale, soit parce qu’ils n’ouvrent pas assez leur marché. Rien de nouveau donc, sinon que la question demeure toujours la même : jusqu’à quand les États-Unis pourront-ils accumuler des déficits extérieurs et continuer de financer ceux-ci sur les marchés internationaux ? (voir à ce sujet la chronique thématique de mai 1999 : sur les comptes extérieurs des pays de l’ALENA).
(Suite dans le document joint)