Aide au développement. Portrait du Danemark

Par Maggie Bellerose

Introduction

Les formules d’aide au développement ont beaucoup évolué depuis sa genèse dans les années 1940s. À cette époque, le développement se mesurait en termes de croissance économique, et certains auteurs, tels Rostow, élaborèrent des théories du développement déterminant les étapes à suivre pour permettre un « décollage » de l’économie et l’entrée des pays sous-développés dans la modernisation, l’industrialisation. Cette vision du développement n’ayant d’autre considération que les revenus de l’État s’est transformée à travers les années et les stratégies adoptées par le réseau d’États donateurs. Les années 1990s marquent une multilatéralisation de la conception de développement, qui devient plus humain et inclut des aspects tels l’éducation, la santé, les programmes sociaux, l’environnement et l’égalité des sexes, et mise sur l’effectivité de l’aide. Élaborés d’abord par la Banque mondiale puis repris par l’Organisation des Nations Unies (ONU), les Objectifs du Millénaire pour le développement retiennent huit cibles à remplir pour 2015. Dans cet objectif, les États donateurs se sont engagés à verser 0.7% de leur revenu national brut en aide publique au développement. Le Danemark, un des rares donateurs à atteindre ce but, s’est lancé dans une réforme de sa stratégie d’aide dans le but de s’assurer d’une meilleure effectivité de celle-ci. Malgré son adhésion aux structures et instruments d’aide multilatérale, le pays mise, depuis 1995, sur des programmes bilatéraux par secteur ayant une portée à long terme. L’analyse des politiques d’aide danoises permettra de mieux comprendre ce choix et d’en apprécier les performances.

Arrangements institutionnels et rôle du gouvernement

Au Danemark, la Loi de 1971 sur la coopération internationale pour le développement détermine les arrangements institutionnels. Le système d’aide publique au développement (APD) est intégré au ministère des Affaires étrangères (MAÉ). Toutes décisions requièrent l’approbation du ministre de la Coopération pour le développement, conseillé par Danida, agence de développement international responsable de la gestion des activités bilatérales et multilatérales danoises. Le ministre élabore la stratégie danoise d’APD et prévoit son budget sur la base de ses engagements. La stratégie politique et budgétaire est ensuite présentée au parlement pour approbation, et tout engagement nécessitant un investissement de plus de 5 millions de dollars américains (USD) doit également être homologué par la Commission des finances. Les décisions du parlement, prises par consensus, encouragent les différentes sphères politiques à débattre des questions de développement et donnent à la stratégie danoise une plus grande légitimité et un plus grand impact. Elle est considérée comme faisant partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité du Danemark. Toutefois, en raison des risques financiers entraînés par des investissements dans des pays instables, cette culture du consensus pourrait causer un nivellement vers le bas des engagements danois.

Afin de mieux remplir les objectifs de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, le Danemark s’est engagé dans un processus de décentralisation qui touchait, en 2003, les secteurs bilatéraux, et en 2005, multilatéraux. L’élaboration des politiques d’aide bilatérale se fait maintenant en collaboration avec les ambassades danoises dans les pays partenaires, qui sont responsables de la définition, la préparation, l’exécution, et l’évaluation des programmes. Quatre représentations danoises sont aussi envoyées auprès d’organismes multilatéraux onusiens pour gérer les fonds danois, évaluer leur utilisation et participer aux prises de décision et faire des rapports à l’intention du MAÉ. Ces réformes ont permis au Danemark « une adaptation plus rapide aux besoins du développement, (…) une plus grande souplesse [facilitant] l’alignement (…) sur les priorités des pays partenaires et (…) l’harmonisation avec les autres donneurs. »


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