Dans un contexte où la réduction de la pauvreté est la toute première des priorités affichées par la Banque mondiale, certaines des politiques qui en découlent nécessitent qu’on effectue un certain arbitrage entre les objectifs de croissance économique et ceux relatifs à la réduction de la pauvreté. Cette étude démontre que les politiques de la Banque mondiale, en faisant la promotion de la privatisation du secteur cotonnier, et en favorisant l’expansion de la production aurifère au Mali et au Burkina Faso pourraient hypothéquer les efforts entrepris pour la lutte contre la pauvreté dans ces deux pays.
Même si, au Mali, et la projection est la même pour le Burkina Faso, l’industrie de l’or génère des revenus d’exportation plus importants que le coton, en comparaison avec le secteur aurifère, la filière cotonnière assure de plus importantes retombées en terme de bénéfices pour les populations pauvres. En effet, dans les deux pays, la filière cotonnière permet, à plus de cinq millions de personnes, de bénéficier d’une sécurité alimentaire renforcée, en même temps qu’elle participe à la consolidation d’autres sphères de l’économie nationale. En revanche, dans le contexte actuel, la production d’or ne permet pas d’assurer de telles contributions aux pays.
Pourtant, les plus récentes réformes entreprises sous-estiment le secteur cotonnier, valorisant plutôt une croissance du secteur minier, sans pour autant assurer l’existence d’institutions capables de vérifier, minimalement, que les communautés locales n’auront pas à subir de potentielles dégradations environnementales. Ainsi, les résultats de cette recherche révèlent la nécessité de repenser les liens entre une politique de promotion de la croissance par les exportations et les objectifs de lutte contre la pauvreté. L’étude souligne également toute l’importance pour les gouvernements nationaux de maintenir ouvert des espaces politiques de décision et d’imposer leur rythme aux stratégies de libéralisation.