La nouvelle importance des rapports économiques internationaux est une question qui bouleverse fondamentalement la discipline des relations internationales. En effet, jusqu’à ce jour, on a peine à cerner une vision théorique prédominante quant aux relations, pourtant fondamentales, entre économie politique internationale et politique nationale. Il est possible de penser ces relations à la lumière des écrits récents de penseurs néo-marxistes comme Arrighi ou Cox[1] ou en suivant les conclusions de penseurs plus libéraux de la nouvelle économie industrielle comme Dunning et Krugman[2]. Sur un autre plan, des auteurs comme Waltz sont parvenus à asseoir une certaine hégémonie théorique- celle du paradigme réaliste- en insistant sur les analogies entre comportements et rationalité économiques et la dynamique plus large des relations internationales. Chacune à leur façon, ces théories apportent une contribution originale et sans doute indispensable à une meilleure compréhension des rapports qui nous intéressent ici. Pourtant, elles ne fournissent qu’une vision tronquée de dynamiques particulièrement importantes comme la mise en place des accords régionaux de libre-échange. Les analyses classiques avaient déjà expliciter les conditions de la mise en place de ces accords régionaux qui relevaient de << solutions de second rang >> dès leur instauration durant les années 1940 et 1950. Si une telle vision, qui a largement prédominé durant plusieurs décennies, pouvait faire sens dans un monde où une libéralisation plus large, lire globale, restait largement à faire, on se rendra rapidement à l’évidence qu’aujourd’hui une telle position théorique n’est plus tenable. Les succès des différentes rondes de libéralisation du commerce international sous les auspices du GATT/OMC, par exemple, viennent nous rappeler qu’une solution de second rang ne peut se présenter de nos jours que comme une solution de repli par rapport à la solution de premier rang que représente une libéralisation multilatérale.
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