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Les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis à l’heure des trois ‘D’


Introduction

Je voudrais dans le cadre de ce chapitre reprendre et développer un argument que j’ai introduit à l’occasion d’un colloque qu’avait organisé Jean-Michel Lacroix sur la politique étrangère comparée du Canada et des États-Unis. J’avais alors évoqué l’idée selon laquelle l’économie nord-américaine connaissait de profondes transformations depuis le tournant
des années 2000, et plus particulièrement le fait que les liens jusque-là fort étroits qui unissaient les économies canadienne et américaine se desserraient très rapidement. Comme d’autres, je soulignais l’impact de la concurrence chinoise, mais également d’autres raisons, notamment le désintérêt croissant des entreprises américaines pour l’économie canadienne et les difficultés qu’éprouvait cette dernière à s’adapter aux déplacements des grands courants économiques internationaux vers l’Asie. Depuis, les tendances n’ont fait que s’accentuer.

L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) fut, en son temps, présenté comme un modèle, autant pour ses traits distinctifs que pour l’attrait qu’il suscitait, à commencer
dans les Amériques où nombre de pays cherchaient alors leur propre voie dans la mondialisation en cours. Aujourd’hui, non seulement l’ALENA ne répond-il plus aux objectifs que les trois pays s’étaient fixés en le signant, ou du moins ne répond-il plus qu’en partie, mais il s’est aussi d’une certaine façon banalisé, devenant un accord commercial parmi d’autres à l’heure de la nouvelle diplomatie commerciale. C’est sur le Canada que je voudrais porter mon attention dans les pages qui suivent. Plus précisément sur le processus de ‘désintégration’ dans lequel il est engagé.

Que l’on ne se trompe toutefois pas sur le sens que je voudrais donner à ce mot. D’abord,
l’ALENA est là pour durer ; ensuite, les liens qui unissent le Canada au Nord, le Mexique au Sud aux États-Unis sont trop étroits pour que chacun ne voit pas son intérêt à entretenir une relation aussi stratégique avec leur puissant voisin ; enfin, qu’on le veuille ou non, la géographie économique impose ses contraintes. C’est dans un double sens que je vais donc parler de désintégration. Premièrement, et par delà l’impact que peut avoir la concurrence chinoise, le relâchement des liens commerciaux avec les États-Unis traduit d’abord dans son cas un problème d’adaptation des structures de production aux nouvelles tendances prises par l’internationalisation. Deuxièmement, alors que l’intérêt des États-
Unis se porte de plus en plus vers l’Asie, là où soufflent les vents de la mondialisation, le Canada a lui-même choisi de sortir des sentiers battus de l’intégration nord-américaine et de développer une diplomatie commerciale qui le pousse hors de l’orbite américaine. Désindustrialisation d’un côté, décrochage de l’autre, ce sont les deux termes que j’associerai à la désintégration pour former le triptyque des trois ‘D’.

(suite dans le document joint)

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