Sommaire
- Entente entre Chine et Hollywood
- La remise en cause de la diversité culturelle
- La force incontournable de la machine hollywoodienne
- Références
Introduction
La nature ambigüe des industries culturelles – et en particulier audiovisuelles – tiraillées entre la production symbolique et la production matérielle, suscite parfois un débat politique virulent. Depuis vingt ans, l’enjeu de l’interface entre le commerce et la culture a fait irruption sur la scène internationale et se pose comme l’un des principaux thèmes de désaccord dans les négociations commerciales, multilatérales comme bilatérales. Des négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) et de la défense de l’exception culturelle en 1993 à la Convention sur la diversité des expressions culturelles (ci-après dénommée « la CDEC ») adoptée par l’UNESCO le 20 octobre 2005, la problématique fondamentale qui est soulevée est celle de la circulation des produits et services culturels et celle du traitement à accorder à ces derniers dans les accords commerciaux.
Dans ce cadre, la CDEC – entrée en vigueur en mars 2007 et ratifiée à ce jour par 122 États, dont la France, le Canada, le Brésil, la Chine, l’Inde, et l’Union européenne – admet explicitement la spécificité des produits et services culturels et la légitimité de l’intervention publique dans le secteur des industries culturelles.
Parallèlement, en 2009, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a condamné la Chine pour ses pratiques commerciales jugées illicites dans le domaine culturel – cinéma, livre, musique ; par conséquent, mi-février 2012, le vice-président américain Joe Biden a annoncé que la Chine entendait modifier considérablement le quota restreint d’accès de films hollywoodiens à son marché cinématographique.
D’un côté, l’ouverture du marché cinématographique chinois reste l’enjeu économique et commercial le plus significatif pour les majors hollywoodiennes et la Motion Picture Association of America (MPAA), compte tenu du potentiel énorme du marché qui a augmenté de 35 % en 2011 pour devenir le troisième marché au monde. D’un autre côté, il s’agit d’une défaite paradoxale de la CDEC et de normes qu’elle prescrit, dans la mesure où le système chinois quasi-imperméable tend à s’ouvrir de plus en plus aux produits culturels non-nationaux grâce au principe du libre-échange véhiculé par l’OMC.