La présente étude de cas a pour but d’alimenter la recherche sur le processus d’adaptation qui a suivi la fin de la guerre froide. L’effondrement du mur de Berlin a pris par surprise de nombreux pays et des approches variées, souvent formulées dans l’urgence, ont été mises de l’avant. Cela confère un caractère unique à la dynamique des années 1990 en faisant une période d’une grande richesse dont nous commençons à peine à dégager les enseignements.
Inconfortablement situés entre l’ubiquité de l’influence américaine, une situation budgétaire contraignante et une opinion publique peu intéressée par les questions de défense et de sécurité (Bland cité dans Fortmann et Cloutier 1991), le Canada fait partie de ces pays qui n’ont pas vu venir les bouleversements de 1989. En effet, au moment où se produit l’ouverture à l’Est, le gouvernement canadien venait à peine de s’engager dans la mise en œuvre de la politique de défense la plus militariste et anti-soviétique de son histoire. Née dans la controverse, cette politique proposait une ligne de conduite très proche de celle de l’administration américaine de Ronald Reagan au début des années 1980.
Les analystes n’ont jamais défini très clairement la nature de la motivation qui était celle du gouvernement canadien à l’époque. S’agissait-il de mettre en forme une politique conforme aux idéaux du parti conservateur au pouvoir depuis 1984 ? L’objectif était-il de plaire aux Américains à quelques mois de la signature d’un accord sur le libre-échange sur lequel misait le Canada en vue relancer son économie ? Souhaitait-on contribuer, en augmentant la pression, à l’effort consacré à la désintégration de l’Union soviétique ? Le sujet est encore aujourd’hui l’objet de discussions.
Nous estimons que, pour trouver les réponses à ces questions, il est nécessaire d’analyser l’approche mise en forme au cours des années 1990 et d’étudier les modalités d’adaptation à la nouvelle dynamique sécuritaire planétaire. Nous constaterons à cet égard que les efforts d’ajustement au nouvel environnement post-guerre froide mis de l’avant par le Canada illustrent bien les grandes tendances de l’adaptation d’un État ayant peu de prises sur son environnement extérieur, mais souhaitant tout de même jouer un rôle sur la scène internationale, tout en se démarquant de la conduite des affaires étrangères de son influent allié américain. Dans le but de faire le point sur le processus d’adaptation du Canada à la fin de la guerre froide, nous nous penchons (1) sur le processus de redéfinition de sa politique, (2) le tracé de son budget de défense, (3) ses programmes d’encadrement en matière d’attribution de contrats et de RD ainsi que (4) sur interventions auprès de sa base industrielle de défense.
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