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Chroniques des Amériques

L’État prédateur et le mouvement citoyen mondial : retour de Porto Alegre

No 03. Février 2003


Le Forum social mondial (FSM) qui s’est tenu pour la troisième année consécutive à Porto Alegre au Brésil du 23 au 27 janvier 2003 a rassemblé cette fois-ci plus de 100 000 participants, deux fois plus que l’année précédente et dix fois plus que la première rencontre en 20011. Une telle progression ne va pas sans poser d’énormes problèmes d’organisation et de programmation, problèmes qui ont surgi avec force cette fois-ci, créant un chaos tel que les organisateurs eux-mêmes ont été la cible d’une manifestation dénonçant les failles dans la planification de l’événement et, en particulier, le fait que les programmes n’aient pas été disponibles avant le vendredi, soit plus d’une journée après l’ouverture officielle.

Ce sont des contraintes financières qui auraient été à la source de tous les problèmes, contraintes liées au changement de garde survenu lors des élections dans l’État de Rio Grande do Sul où le représentant du Parti des travailleurs (PT) a été défait et remplacé par le gouverneur Germano Rigotto du Parti du mouvement démocratique du Brésil (PMDB) lors des dernières élections2. Mais cela n’explique pas tout. En effet, pour faire face à cette nuée de militantes et de militants, les organisateurs avaient prévu de répartir les activités entre cinq sites principaux ayant chacun leur fonction propre : les salles de cours et de conférences de l’Université catholique de Rio Grande do Sul (PUCRS) seraient consacrées aux ateliers, aux témoignages, à un tribunal et au réseautage ; le Gigantinho, un stade pouvant contenir environ 15 000 personnes, serait réservé aux événements dits « grand public », c’est-à-dire aux grandes conférences et aux tables de controverses, le Cais do Porto où avaient été aménagées des salles pouvant contenir jusqu’à 1 000 personnes chacune, abriterait les panels thématiques, la Quinta Sala, abriterait des panels également et, enfin, le Camping de la jeunesse avec ses activités propres. Mais comme ces sites étaient passablement éloignés les uns des autres, il est arrivé que, pour minimiser les déplacements, les participants ont choisi d’en privilégier quatre aux dépens des activités du Cais do Porto. Ce choix collectif a eu pour effet de contribuer à l’encombrement des activités tenues à l’université, c’est-à-dire les séminaires, colloques, rencontres et discussions, ainsi qu’à l’affluence au stade intérieur qui pouvait à peine contenir les foules entassées là, et à un délaissement des panels de discussions qui devaient se tenir dans les hangars du port aménagés à cette fin.

(Suite dans le document joint)

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