Évoquer la prolifération des armes de destruction massive (ADM), c’est aussi prendre en considération les instruments de la non- et contre-prolifération. Cet antagonisme révèle un schème culturel : la qualification quasi-hygiénique du phénomène – une prolifération s’avère rarement positive – suscite la perception d’une menace et justifie une réponse. La globalisation devient alors un contexte facilitant l’endémie. Cette logique caractérise les discours des pays non proliférants. L’argumentaire teinté de nationalisme et d’indépendance, notamment énergétique, des pays cherchant à développer, par exemple, leur potentiel nucléaire, tente de contourner ce raisonnement en adoptant le registre des rapports dominants/dominés. À un discours médicalisé et biologisé répondrait un discours articulé autour de l’affrontement sociétal.
Cette brève prise de distance ne saurait dissimuler toutefois le fait que la question de la prolifération est concrètement devenue un enjeu international depuis la première Guerre du Golfe et la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité des Nations Unies (31 janvier 1992). Les épisodes intervenus depuis 2002 concernant le programme iranien le soulignent et, comme le cas nord-coréen, sont révélateurs de l’évolution (érosion ?) du régime juridique international développé depuis les années 1960 et des réponses pragmatiques qui peuvent, peut-être, permettre de surmonter ses défaillances.
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