Introduction
En 1991, nous entreprenions une étude exhaustive des mécanismes et des orientations de la politique commerciale des États-Unis.[1] Après la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), la ratification des accords de la ronde de négociations de l’Uruguay, créant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’abandon des négociations de libre-échange avec le Chili et la proposition d’abolir le Département du commerce ; un retour sur la politique commerciale américaine nous a semblé tout aussi nécessaire que pertinent.
Contrairement à la décennie précédente, la position économique et commerciale des États-Unis dans le monde s’est relativement raffermie : autant les déficits public que commercial apparaissent maintenant maîtrisés. En 1995, le déficit commercial américain atteignait 159$ milliards, dont 59 et 40$ milliards avec le Japon et la Chine.[2] Ces deux pays sont donc demeurés les cibles prioritaires dans l’ouverture des marchés préconisée par Washington.
Bien que le déclin relatif des États-Unis ne se dément guère, une certaine prospérité économique a permis d’alléger les pressions protectionnistes aux États-Unis et ce, même si 1995 marque une certaine dégradation du commerce international des États-Unis alors qu’ils connaissaient leur pire performance depuis 1987-1988.[3] Cela n’a pas été sans importance sur la conduite de la politique commerciale américaine durant le premier mandat de Bill Clinton.
En effet, bien qu’il s’agisse de succès commerciaux mitigés, ces données internationales ont néanmoins permis une prise en compte plus importante des déterminants politiques nationaux dans l’élaboration de la politique commerciale. En guise d’introduction, nous rappellerons l’importance prise par des questions d’ordre autre qu’économique comme la protection de l’environnement et des droits sociaux, voire de la démocratie, comme nouveaux paramètres de la politique commerciale américaine. Ces nouveaux paramètres, qui émergeaient déjà durant les dernières années de l’administration Bush, ne renvoient pas tant à des considérations idéologiques qu’à des motivations partisanes.[4] En effet, il s’agit là de questions qui restent au coeur des préoccupations de franges importantes du parti démocrate aux États-Unis. Ces franges politiques progressistes du parti démocrate sont apparues d’autant plus influentes qu’elles servaient de contrepoids à un Congrès plus hostile que jamais aux initiatives de la Maison-Blanche.
(Suite dans le document joint)