Le processus d’intégration menant à l’édification du Marché Commun du Sud (MERCOSUR en espagnol ou MERCOSUL en portugais) s’inscrit dans le sillage des négociations entreprises par le Brésil et l’Argentine visant une plus grande coopération politique et économique. Le défi était énorme en raison de l’absence, jusqu’alors, de liens profonds entre les futurs partenaires. Le fait que le MERCOSUR soit devenu, en très peu de temps, le bloc économique le plus important de l’Amérique latine relève d’un véritable effort politique et de la mise sur pied d’un calendrier de libéralisation fort ambitieux. En effet, l’accord fondateur du MERCOSUR, le Traité d’Asunción, que nous examinerons plus en détail dans les pages suivantes, fixait l’objectif de créer une zone de libre-échange devant conduire en l’espace de quatre ans à une union douanière. L’échéance venue, les quatre pays membres devraient adopter un tarif extérieur commun (TEC) qui, au départ, n’impliquerait pas l’ensemble des produits, certains faisant partie d’une longue liste d’exceptions. L’intégration économique visait aussi, au-delà de la libéralisation du commerce des biens et services, la libre circulation des facteurs de production, l’harmonisation des normes juridiques et institutionnelles, ainsi que la coordination des politiques macroéconomiques et sectorielles. Il est intéressant de souligner, dans le cas du MERCOSUR, que le projet de marché commun ne découlait pas de la nouvelle vision compétitive de l’intégration à l’économie mondiale qui s’est développée en Amérique latine depuis les années 1980. D’une part, il reprenait, en l’adaptant, la vision et les ambitions communautaires des premiers modèles d’intégration, s’inspirant tout autant de l’expérience européenne, et de celle du Benelux, que de l’ALALE (Association latino-américaine de libre-échange) et de l’ALADI (Association latino-américaine d’intégration)1. D’autre part, en se consolidant sur le plan économique comme sur le plan politique, il apparaissait très rapidement comme une voie intégrative suffisamment crédible pour forcer les États-Unis à se résoudre de lui apporter leur soutien, et ce faisant, à reconnaître le rôle de leader régional joué par le Brésil.
(Suite dans le document joint)