Considérant que le modèle économique universaliste de l’homo oeconomicus posé
par la science économique actuelle ne fait réellement sens que dans l’univers mental,
juridique et moral de l’individualisme anglo‑américain, l’article analyse la crise
actuelle de l’euro comme étant la manifestation d’un mismatch entre, d’un côté,
la tentative d’institutionnaliser dans l’Union européenne ce type de modèle et, de
l’autre, les imaginaires institués européens continentaux qui renvoient à des univers
de sens radicalement différents car de type plus holistique. Pour fonder cette
interprétation, la section 2 de l’article explicite l’hypothèse selon laquelle l’origine
de la crise actuelle de l’Union européenne et de la zone euro n’est pas à imputer à
l’ordo‑libéralisme allemand, mais bien plutôt au néolibéralisme Chicago Style étatsunien
et à sa diffusion à l’échelle mondiale par la globalisation financière. Puis, la
section 3 présente le cadre théorique qui sert à fixer le sens des catégories de monnaie,
de dette, de souveraineté et de confiance qui sont, dans la section 4, mobilisées
dans l’interprétation de la crise de l’euro et de l’Europe. Dans la section 5, on
tire les conséquences de cette interprétation en développant quelques pistes de
réflexion pour une sortie par le haut de cette crise et la refondation au plan monétaire
du pacte fédéral européen qu’elle implique.
Dettes et crise de confiance dans l’Euro
Analyse et voies possibles de sortie par le haut