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Bonnie Campbell

Repenser le pouvoir, l’aide et le développement

Chronique de l’Observatoire sur la coopération internationale

Repenser le pouvoir, l’aide et le développement

Bonnie CAMPBELL
Directrice du Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société (CIRDIS)
Professeure au Département de Science politique, UQAM
Mars 2015

Chronique autour du livre « Rethinking Canadian Aid », edited by Stephen Brown, Molly den Heyer and David Black. University of Ottawa Press. 2014.

Le point de départ de ce volume ? La nécessité et même l’urgence de repenser l’aide canadienne.

Selon l’introduction du livre, cela implique beaucoup plus que proposer l’application de réformes techniques et institutionnelles. Une telle ambition s’étend également bien au-delà des controverses actuelles sur les glissements concernant l’emphase thématique donnée à certains secteurs comme, par exemple, le secteur extractif, même si ces enjeux sont importants. Ce défi exige une démarche explicite pour situer l’aide canadienne dans un contexte beaucoup plus large et en lien avec les diverses façons dont l’aide canadienne interagit avec les populations des pays du Sud.

Avant de dire quelques mots sur la façon dont le livre propose de répondre à ce défi, j’aimerais souligner à quel point ce volume est des plus opportuns et bienvenus. Pour faire ressortir toute son importance, il est utile de situer le contexte actuel qui me semble marqué par plusieurs caractéristiques, dont les deux suivantes :

La première concerne les difficultés d’accès à une information systématique et transparente, présentée sous une forme qui permettrait de suivre la concordance entre les mesures et changements annoncés par rapport aux objectifs établis par le Canada en matière de coopération internationale et de développement. Plus précisément, il faut souligner l’absence à présent d’un énoncé de politique d’ensemble en matière de développement qui pourrait être présenté et débattu au Parlement et par la suite évalué par celui-ci, énoncé qui identifierait des objectifs clairs en matière de contribution du Canada au développement et à la réduction de la pauvreté des populations concernées, des stratégies pour les atteindre dans le moyen et le plus long terme, et dans ce contexte, justifierait les choix des pays prioritaires et les types de programmes retenus pour atteindre les objectifs du pays.

Il en résulte en ce moment une absence de débats publics et informés dans ce domaine clé de politique étrangère et par conséquent, un déficit démocratique et un problème important d’imputabilité politique pour nos politiques dans ce domaine.

La seconde caractéristique concerne le fait que depuis plus d’une dizaine d’années, les politiques de coopération du Canada connaissent des transformations majeures qui impliquent non seulement des reconfigurations institutionnelles et des évolutions nouvelles dans l’allocation du budget de l’aide, mais surtout des changements plus profonds et fondamentaux dans le sens même que l’on donne à la notion de coopération, de sa raison d’être, de la façon de la livrer, de la tracer et d’évaluer ses retombées.

Ces deux caractéristiques soulignent donc la très grande pertinence et utilité en ce moment de la parution de ce volume. Avant de rentrer dans les détails du contenu, il est important de souligner qu’il s’agit d’un livre très documenté, fouillé, bien écrit et bien structuré. Les contributions sont très variées (enjeux de genre, États fragiles, stratégies en Amérique latine, secteur extractif) mais complémentaires comme en témoignent les références croisées entre les chapitres qui illustrent en même temps le travail rigoureux des éditeurs. Elles sont présentées dans 16 chapitres regroupés en 3 sous-sections ;

i) Les fondements éthiques, politiques et bureaucratiques de l’aide
ii) Le contexte canadien et les motivations du Canada
iii) Le rôle du Canada dans le développement international.

Il serait évidemment impossible de rendre justice en quelques lignes à 16 chapitres – qui sont particulièrement bien structurés autour de 4 niveaux d’interrogation. Ce que je ferai sera plutôt de donner quelques exemples pour illustrer comment des contributions si différentes s’avèrent en fait très complémentaires et se renforcent.

Pour lire la suite de la Chronique, nous vous invitons à télécharger le pdf ci-joint.