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Bruno Hamel

Rationalité et Réel économiques

29 mai 1996

Les objections que pose l’extension de la rationalité économique, en tant que pendant épistémologique du marché libéral ou capitaliste, sont déjà bien connues. Nous insisterons particulièrement sur les critiques les plus récentes qui ont trait à cette extension, c’est-à-dire les ls critiques que nous nommerons culturalistes.
La critique du marché, qu’elle soit sur une base culturelle, économique ou politique, et que cette critique soit fondée ou non, ne nous apparaît pas permettre une critique nécessairement parallèle en ce qui a trait à la rationalité économique. Implicitement, et ce que révèle une telle approche, nous croyons qu’une véritable critique épistémologique du marché ne peut être faite sans une prise en compte relativement systématique du paradigme de la rationalité économique.

Par ailleurs, notre intérêt épistémologique essentiel consiste à penser la place du sujet à l’aune de l’épistémologie contemporaine. Qu’entendrons-nous par sujet ? Le sujet sera envisagé en tant qu’agent consitutif du Réel. Autrement dit, nous chercherons à montrer, et c’est peut-être en cela que notre réflexion sur la rationalité économique nous aide véritablement à penser la place du sujet, comment le paradigme de la rationalité économique a contribué au déplacement des sujets traditionnels (individus et classes sociales, respectivement dans le libéralisme et dans le marxisme) en tant que données de base constitutives du Réel. Bien entendu, dire le déplacement ne signifie pas que l’on saisisse la destination et les implications de ce mouvement.

Ainsi, et cela sera une des nos hypothèses essentielles, nous voulons montrer que l’expansion de la rationalité économique peut difficilement constituer le Réel, entendre une réalité politique et historique, en ce qu’elle mine ses propres catégories de sujets. En d’autres termes, nous voulons souligner dans quelle mesure l’expansion de cette rationalité s’accompagne d’une évacuation du sujet individuel, d’une périphérisation peut-on dire, et que les visées universalistes de ce paradigme sont porteuses de leur propre négation. Pour véritablement comprendre ce déplacement, il nous faudra renouer avec les raisonnements essentiels qui ont fondé l’épistémologie libérale et marxiste.

(Suite dans le document joint)