La question du fonctionnement de la démocratie dans les Etats africains
Pr ZONGO Georges
Université Joseph Ki-Zerbo
Ouagadougou
Burkina Faso
zongogeoges@yahoo.fr
Introduction
La démocratie se présente de nos jours comme la meilleure forme de gouvernance politique dans le monde. Si en Afrique cette théorie politique rencontre des difficultés dans sa mise en œuvre, elle reste cependant en vigueur dans la plupart des Etats, y compris en Afrique. Ce constat nous conduit à amorcer une réflexion critique pour voir quelles en sont les forces et les limites. Il ne s’agit pas pour nous à travers ce propos de remonter à l’origine de la démocratie qui nous ramènerait dans le contexte de la cité athénienne où l’histoire de la philosophie nous convie lorsqu’il s’agit de trouver les fondements les plus reculés de la pratique démocratique. De même, bien que notre réflexion soit centrée sur l’expérience africaine de la démocratie, nous ne nous préoccuperons pas de savoir quel pays africain a été le premier à adopter un principe de gouvernance démocratique. Chercher à savoir et à établir si d’un point de vue sémantique il faut parler de la démocratie en Afrique ou de la démocratie africaine ne recevra pas non plus une considération particulière dans notre analyse. En effet, notre position est que la démocratie est un système universel de gouvernance politique. A partir de cette conception, nous nous assignons pour tâche d’aborder ici la question de la démocratie telle qu’elle est pratiquée en Afrique aujourd’hui pour discuter de ses points convergents. Pour cela, nous allons d’abord situer le contexte de notre réflexion sur la démocratie en Afrique ; nous traiterons par la suite des difficultés inhérentes à sa mise en œuvre et nous finirons par quelques orientations pour une démocratie effective en Afrique.
I) Le contexte de la réflexion sur la démocratie en Afrique
La plupart des auteurs africains qui abordent la question de la démocratie en Afrique souligne comme un moment important de son histoire, la chute du mur de Berlin en 1989 qui aurait marqué une victoire du système démocratique libéral sur celui socialiste ou communiste. Ce moment historique est caractérisé en effet par la fin de la guerre froide entre les Etats-Unis d’Amérique et l’URSS. En rappel, la guerre froide imposait aux pays africains, sur le plan de leur politique extérieure, de se positionner derrière l’une ou l’autre puissance. Ceux qui avaient refusé un tel positionnement politique s’étaient constitués en une entité dénommée « les pays non alignés ». La fin de la tension politique entre les deux grandes puissances et leurs alliés qu’étaient le bloc de l’Ouest et le bloc de l’Est, ouvrait la voie à la généralisation de la démocratie dans le monde, et par conséquent, en Afrique. Celle-ci constituait, sur le plan de la politique internationale, un cadre de référence et une condition sine qua non à l’accès aux financements proposés par le FMI et la Banque Mondiale. Du point de vue des institutions internationales, un pays démocratique est nécessairement un pays stable parce que libre, les institutions républicaines ayant été mises en place avec la participation du peuple. Il peut donc attirer des investisseurs étrangers sans lesquels un Etat ne peut véritablement réaliser son développement, puisque que les potentialités économiques d’un pays sont nécessairement limitées alors que les attentes en matière de développement sont nombreuses. Cela signifie qu’avec la venue des investisseurs étrangers, il y aura un apport de ressources financières au pays en question qui contribuera à la création d’emplois et par conséquent, à la lutte contre la pauvreté et le chômage. Les gouvernants africains, dans la mesure où ils aspirent au développement socio-économique de leurs populations ne pouvaient contrevenir aux injonctions d’adopter la démocratie comme mode de gouvernance, ce d’autant plus qu’elle semblait s’imposer d’une façon universelle. Mahamadé Savadogo, considérant l’expansion de la démocratie soutenait que désormais, « l’interprétation des sociétés ne se révèle pas seulement au savant, elle devient accessible au commun des mortels à travers le fait que le régime démocratique se réclame sur tous les continents (…) La démocratie n’est plus manifestement le privilège de tel ou tel peuple. » (Savadogo Mahamadé, 2002, pp.109-110). En tant que phénomène mondial commun à tous les peuples, on comprend que l’Arique s’inscrive dans cette dynamique universelle de l’histoire politique de notre époque.
Selon l’un de ses principes canoniques, la démocratie est le gouvernement du peuple par lui-même, toute chose qui doit assurer la liberté individuelle et collective par la médiation du suffrage universel, lequel constitue un mode participatif de désignation des représentants du peuple. Dans un régime démocratique en effet, le peuple est le garant de la souveraineté du pouvoir. Sur ce plan, nous pouvons dire que le passage des systèmes politiques d’obédience socialiste ou communiste à celui de la démocratie libérale a permis une émancipation des populations africaines par la promotion des libertés dans divers domaines tels que celui de la libre expression des idées, avec une promotion de la presse privée qui a contribué d’une façon significative à une meilleure diffusion de l’information politique. De même le secteur privé économique a connu un essor considérable avec la libéralisation de certains secteurs qui relevaient de la seule autorité de l’Etat. Il en est ainsi par exemple du domaine de l’éducation où on a vu naître des universités privées, du domaine de l’exploration et de l’extraction des ressources minières qui a été ouvert aux particuliers ou à des sociétés privées, du secteur des transports etc.
De ce point de vue, nous pouvons dire que l’adoption du système démocratique en Afrique a contribué à l’émancipation des populations et au développement du monde des affaires. Toutefois, si la démocratie comporte des aspects positifs salutaires, sa mise en œuvre est loin d’être une tâche aisée en Afrique.
II) Les difficultés de la mise en œuvre de la démocratie en Afrique
La démocratie suppose la participation des citoyens à la désignation de ses dirigeants et, par conséquent, à l’exercice du pouvoir. En Afrique, le processus qui y concourt n’est pas sans susciter de problèmes, lesquels remettent même en cause l’idéal démocratique. L’une des difficultés les plus récurrentes concerne l’alternance à la tête de l’Etat. En effet, une fois élus, les gouvernants veulent rester éternellement au pouvoir. Même si la constitution prévoit une limitation du nombre de mandats, surtout pour ce qui concerne la fonction présidentielle, ceux qui y parviennent ont tendance à se considérer comme s’ils étaient les seuls capables d’assumer de si hautes fonctions de l’Etat. C’est pourquoi les constitutions sont révisées à l’approche de la fin du dernier mandat du président en exercice pour lui permettre de se représenter aux élections futures et de poursuivre son règne. D’une manière générale, en Afrique, le président qui organise les élections est aussi celui qui les remporte. Plusieurs raisons justifient une telle situation. Non seulement le président en exercice dispose des appareils administratif et judiciaire qui sont généralement acquis à sa cause, puisque le pouvoir judiciaire est soumis celui exécutif, mais aussi il dispose de moyens financiers que les candidats de l’opposition ne peuvent avoir. A partir de cette considération, on voit déjà que le jeu démocratique est loin d’être juste et équitable. Non seulement la différence des moyens mis en œuvre dans le cadre des élections crée un clivage entre les différents partis politiques en compétition, mais plus grave, la « fusion » du pouvoir exécutif et de celui judiciaire généralement chargé de proclamer les résultats issus des urnes, ne semble pas constituer une situation idéale dans laquelle peuvent se dérouler des élections libres et transparentes. En effet, des élections justes et équitables exigent l’indépendance du pouvoir judiciaire, chose difficilement envisageable dans le contexte africain parce que, les magistrats, nommés par l’exécutif se sentent redevables envers celui-ci, et avalisent quelquefois des décisions injustes. Pourtant, comme le soutient Savadogo Mahamadé, « l’indépendance de la magistrature est aujourd’hui unanimement considérée comme une condition capitale du régime démocratique » (2002, p.114).
Or, si un groupe politique accapare indéfiniment le pouvoir d’Etat, l’opposition dont l’objectif est également la conquête du pouvoir politique par le suffrage universel finit par se lasser pour tomber dans une situation de désespoir et de résignation. Et pour espérer obtenir quelques portefeuilles ministériels, quelques places de députés ou de maires, bref, pour pouvoir entrer dans le giron de l’exercice du pouvoir d’Etat, ils finissent par rejoindre le parti au pouvoir. En conséquence, on est conduit à un parti unique de fait ; en effet il existe par exemple des partis qui se réclament de la majorité présidentielle de telle sorte qu’ils soutiennent de bout en bout les actions du gouvernement, et se positionnent du même coup comme opposés aux partis de l’opposition. Les partis qui restent dans la vraie opposition et qui affirment la différence de leur vision politique par rapport à celle du gouvernement sont souvent réprimés, ce qui contribue à instaurer un climat de peur et de méfiance par rapport aux critiques de l’action gouvernementale, bien que ce soit le rôle de l’opposition politique de montrer les limites de l’exécutif et de l’inviter à réorienter ses actions pour qu’elles soient plus efficaces et contribuent à une résolution effective des problèmes rencontrés par les citoyens . De son côté, la classe politique au pouvoir qui est convaincu de tenir la légitimité de son action de la caution populaire a tendance à marginaliser les apports de l’opposition. Dans un tel contexte, l’idéal démocratique se trouve dévoyé comme Platon l’avait souligné dans la République.
Une autre difficulté importante liée à la question de la démocratie en Afrique est celle de l’organisation des élections dans laquelle la classe dirigeante au pouvoir occupe une place prépondérante. Du coup, les acteurs des élections qui appartiennent à la classe au pouvoir aménagent celles-ci en vue de la victoire de leur candidat. En effet le candidat du parti au pouvoir est financièrement soutenu par des opérateurs économiques qui prennent en charge une bonne partie de ses dépenses de campagne. Mais un tel engagement de leur part vise, en contrepartie, à obtenir des avantages de ce même candidat dès lors qu’il sera élu, tels que la réduction des impôts, l’exonération de certaines marchandises importées, la facilité à se voir attribuer des marchés publics, etc., toute chose qui est contraire aux exigences de la démocratie qui voudraient que tous les citoyens soient traités d’une façon égale devant les lois de la république.
La question régionaliste représente aussi l’une des limites objectives des élections en Afrique. En effet l’homme politique est d’abord et avant tout l’homme d’une région, d’un village, d’un quartier. C’est précisément en fonction de ces critères que les élections des hommes politiques sont souvent faites, avec la conviction que c’est l’enfant du terroir qui est censé promouvoir le développement local en raison de sa participation à l’exercice du pouvoir d’Etat, en tant que président ou député. C’est pourquoi, les élections ont un caractère purement formel, puisque les choix ne sont pas opérés en fonction de la confrontation de projets politiques concurrents. Cela explique en partie les contestations post-électorales en Afrique. En effet, les consciences sont formatées pour désigner tel candidat et non tel autre en raison de son appartenance régionale ou de sa capacité financière ; en général, pour avoir reçu un vêtement, un gadget ou une modique somme financière, certaines personnes sont prêtes à voter pour un candidat donné. La corruption électorale apparaît ainsi comme une pratique courante remettant sérieusement en cause la transparence des élections. Que se passe-t-il alors à l’issue des élections organisées dans ces conditions ?
Joseph Ki-Zerbo analysant dans son ouvrage A quand l’Afrique ? le comportement des gouvernants africains précise que, face à la pauvreté ambiante que vivent les populations, l’attitude commune qu’on observe chez ceux qui arrivent au pouvoir, c’est la volonté de s’enrichir. Dans la mesure où le pouvoir politique en Afrique apparaît comme un moyen de poursuivre des objectifs personnels, le respect de la loi devient secondaire et c’est ce qui explique la mauvaise gouvernance politique en Afrique . La bonne gouvernance qui est exigée comme un critère essentiel de la démocratie devient un principe ignoré, oublié, occulté. Les premiers responsables de l’Etat qui sont censés être des exemples pour le peuple en matière de civisme sont les premiers à faire preuve d’incivisme en refusant par exemple de payer leurs impôts et en couvrant par leur autorité les opérateurs économiques qui ont financé leur compagne afin qu’ils ne payent pas leurs impôts à l’Etat. Pourtant, un pays ne peut se développer autrement que par la mobilisation de ses ressources internes avant de compter éventuellement sur l’aide extérieure.
Ces insuffisances qui constituent des obstacles à l’avènement d’une démocratie véritable peuvent-elles être surmontées et que faut-il faire pour y parvenir ?
III) Pour une démocratie effective en Afrique
Dans un régime démocratique, la connaissance et le respect des lois de la république sont des principes irréfragables, de même que celle des droits et des devoirs des citoyens. L’acquisition d’une telle connaissance passe soit par l’éducation scolaire soit par la formation des adultes, au regard du taux élevé de l’analphabétisme en Afrique. Traitant du cas spécifique du Burkina Faso, Joseph Ki-Zerbo (2003, pp.69 sq.) faisait observer que 72% des populations sont analphabètes et que seulement 15% des 52% de femmes constituant la population burkinabè sont alphabétisées. En plus de cela, il signalait que le Burkina Faso avait un taux de scolarisation qui fait partie des plus bas au monde. Si tous les pays africains ne se trouvent pas dans la même situation que la Burkina Faso, il faut reconnaître que la tendance générale reste la même comparativement aux pays des autres continents : faible taux de scolarisation et fort taux d’analphabétisme. Pourtant, la formation, l’éducation sont la condition minimale de la citoyenneté démocratique. C’est par elles en effet qu’on parvient à la compréhension des droits et des devoirs pour saisir la nécessité de revendiquer ceux-ci et d’appliquer ceux-là. C’est pourquoi Joseph Ki-Zerbo (2003, p.112) soutenait que « le droit à l’éducation fait partie des droits imprescriptibles qui doivent être absolument reconnus ». Faute de reconnaître ces droits « humains », il ne peut y avoir de démocratie véritable où les hommes sont les acteurs conscients de leur propre développement socioéconomique. On ne peut être un citoyen au vrai sens du terme si on ne dispose d’un minimum de connaissances qui permettent de comprendre l’organisation et la gestion des affaires de la république. Mahamadé Savadogo (2002) montre que les élus qui doivent représenter les autres citoyens aux assemblées législatives n’ont pas de connaissances dans beaucoup de domaines où des décisions importantes sont prises pour être appliquées comme lois de la république. Pour cette raison ils sont souvent obligés de faire appel à des experts pour leur apporter l’éclairage nécessaire pour leur permettre de prendre part aux débats parlementaire de façon efficace. En effet, écrit-il, « les élus ressentent souvent le besoin d’une formation à leur tâche. » (p .114).
L’ignorance dans laquelle se trouvent la majorité des populations africaines explique, ne serait-ce qu’en partie, les dérives qui surviennent lors des consultations générales telles que la falsification des listes électorales, l’achat des consciences, les fraudes diverses qui remettent en cause l’idéal démocratique. Véronique Gauthier (1998) insistait sur la nécessité de l’éducation civique comme condition d’émergence et du développement de la démocratie. Selon elle, l’éducation est le moyen par lequel les différents peuples peuvent comprendre l’univers, la planète, les hommes comme un tout, comme une réalité essentiellement holistique. L’éducation permet donc de « former des citoyens et des citoyennes aptes à comprendre les enjeux mondiaux de l’environnement et du développement et à prendre conscience des enjeux de l’interdépendance mondiale » (1998, p.2) Former à la citoyenneté démocratique, c’est faire acquérir aux populations une conscience politique, leur donner le moyen d’apprécier l’action des hommes politiques. Une telle prise de conscience expose les gouvernants africains, non seulement aux critiques du peuple, mais surtout à la sanction des urnes lors des consultations électorales. Dans ces conditions, il semble évident que les gouvernants préfèrent avoir des citoyens ignorants qu’ils peuvent manipuler à leur guise que des citoyens avisés à même de prendre des décisions éclairées lors des votes, ce qui est susceptible de leur être défavorable.
Au fond, comme nous le voyons, il faut une nouvelle dynamique démocratique en Afrique, laquelle devra permettre de corriger les insuffisances de la pratique politique actuelle. Cela signifie que les dirigeants africains devraient commencer eux-mêmes par acquérir un esprit démocratique. La démocratie n’est pas un pouvoir héréditaire ; elle intéresse tous les citoyens qui sont les véritables dépositaires du pouvoir grâce à leur participation au suffrage universel. Il faut donc réformer les institutions comme le pense Alexis Dieth qui soutient que « mettre en œuvre une politique de démocratisation (en Afrique) consiste à réaliser des réformes institutionnelles qui permettent de gérer politiquement les conséquences sociales de la modernisation, qui renforcent la séparation des pouvoirs et des systèmes, qui confortent la représentativité sociale du pouvoir politique et la limitation de l’Etat par les droits de l’homme » ( Le RHDP, continuité d’une vision républicaine et démocratique, 2019, p.118).
La critique de la démocratie telle qu’elle est pratiquée en Afrique ne remet pas en cause la démocratie et son idéal de liberté et de bonheur pour les citoyens. Elle est un appel à une amélioration de cette forme de gouvernance politique au bénéfice des citoyens africains. Cela suppose que les observateurs internationaux des élections en Afrique puissent dire objectivement ce qu’ils ont vu sur le terrain puisque quelquefois, certains citoyens sont empêchés de voter par d’autres recrutés par le pouvoir en place de façon à faire pencher les résultats en leur faveur. On a parfois l’impression que ces observateurs sont d’office acquis à la cause de ceux qui gouvernent, ce qui jette le doute quant à la crédibilité de leurs témoignages. Par ailleurs il convient de travailler à donner au peuple une formation politique. D’une manière générale, les hommes politiques vont vers les populations lors des campagnes électorales. La période post-électorale est souvent une période sans activités politiques de la part des partis politiques y compris du parti politique au pouvoir.
Or il se trouve que les populations chargées d’élire les hommes pour gouverner sont souvent analphabètes. Comment alors les empêcher de s’aligner derrière tout venant dès lors qu’un minimum de connaissance en matière de politique est absent. On pourrait bien sûr trouver des justifications en disant que parce que les populations sont analphabètes il est difficile de leur donner une formation politique. Ce point de vue ne saurait prévaloir parce que lors des campagnes électorales, les candidats s’adressent à leurs militants dans les langues locales. C’est donc dans les langues locales que la formation politique doit être donnée aux militants pour qu’ils comprennent leurs droits et leurs devoirs en la matière, c’est-à-dire, au fond, leur statut de citoyen. Comme le soutenait Rousseau (1973, p.74), par la connaissance de leurs droits les hommes sont membres à part entière du corps social, en tant que citoyens, mais en l’absence de celle-ci, ils sont réduits à n’être que des sujets parce que simplement soumis aux lois qui s’imposent à eux : « A l’égard des associés, ils (les membres du corps social) prennent collectivement le nom de peuple, et s’appellent en particulier citoyens, comme participant à l’autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l’Etat. » Pour ce qui concerne les populations africaines dans leur grande majorité, c’est l’absence de l’information politique due à l’absence de formation qui constitue le problème majeur et qu’il convient de retenir comme l’un des obstacles à l’avènement d’une vraie démocratie en Afrique. C’est précisément cet écueil qu’il faut en priorité chercher à lever pour rendre les électeurs plus libres et plus citoyens.
Conclusion
La démocratie est une aspiration commune des populations africaines même si sa mise en œuvre est émaillée de difficultés multiformes, allant de la remise en cause constitutionnelle à des attitudes partisanes lors des votes, ce qui porte atteinte à son idéal de liberté et d’égalité de tous les citoyens qu’elle est censée réaliser. Il convient donc, comme thérapie à ces insuffisances constatées, de promouvoir une éducation politique des citoyens pour leur permettre de prendre conscience de leurs droits et de leurs devoir pour pouvoir participer d’une façon éclairée au choix de leurs représentants aux différentes sphères de l’Etat.J ohn Dewey pensait que l’exercice de la démocratie dans la société avait en amont un lien avec l’éducation scolaire. C’est pourquoi il serait important que les pays africains acceptent d’introduire dans les curricula à enseigner, des contenus ayant un rapport à la politique et au respect des droits humains. C’est en appuyant sur les leviers de la formation des adultes et sur l’éducation scolaire que l’on peut espérer à terme obtenir une société plus démocratique et une gouvernance politique plus éthique.
Bibliographie
DIETH, Alexis, Le RHDP, continuité d’une vision républicaine et démocratique, Nouvelles Editions Balafons, Abijan, 2019.
KI-ZERBO, Joseph, A quand l’Afrique ?, éditions de l’Aube, Paris, 2003.
ROUSSEAU, Jean-Jacques, Du contrat social, éditions 10/18 (UGE), Paris, 1983.
SAVADOGO, Mahamadé, La parole et la cité, éditions L’Harmattan, Paris, 2005.
THIONG’O, Ngugi Wa, Pour une Afrique libre, traduction Samuel Sfez, éditions Philippe Rey, Paris, 2017.
REVEL, Jean-François, Le regain démocratique, éditions Fayard, Paris, 1992.
PATON, La République, traduction Robert Baccou, éditions Garnier-Flammarion, Paris, 1966.