Le 18 mai 2021, l’IEIM a organisé un grand événement de type webinaire intitulé « La démocratie dans le monde : état des lieux, enjeux et perspectives ». L’événement émane de la préoccupation de l’IEIM et de ses unités membres au sujet du déclin démocratique observable sur la scène internationale.
L’enregistrement vidéo de la conférence est maintenant disponible !
Le modérateur Henri-Paul Normandin, ancien ambassadeur canadien et fellow de l’IEIM, a ouvert la discussion en rappelant l’importance de la démocratie et comment il est facile de la prendre pour acquise. Il a structuré l’événement en posant cinq questions clés, portant sur l’état de la démocratie dans le monde, les facteurs qui ont amené la tendance qu’on observe actuellement, l’impact de la COVID-19 sur la démocratie, les perspectives futures de la démocratie vues par les invité.e.s et le sommet sur la démocratie annoncé par le président Biden aux États-Unis.
Annika Silva-Leander, qui dirige l’Unité d’évaluation de la démocratie au sein de l’organisation International IDEA, basée en Suède et à l’origine du rapport The Global State of Democracy, s’est jointe aux discussions et a constaté que, depuis 2016, plus de pays deviennent non-démocratiques que des démocraties. Elle a identifié les facteurs internes et externes qui contribuent à l’érosion de la démocratie et l’impact bien réel qu’a eu la pandémie sur la démocratie dans le monde, en approfondissant le recul démocratique. Elle a exprimé toutefois un certain optimisme sur le futur de la démocratie, en notant que la crise engendrée par la COVID-19 est profondément différente des autres crises.
Le public a également pu profiter de la perspective d’Allison Harell, professeure au département de science politique à l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche en psychologie politique de la solidarité sociale. La professeure Harell a pris un angle plus proche de la psychologie, pour expliquer comment la démocratie profite encore d’un support très large au sein de la population, bien que les citoyen.ne.s peuvent avoir des difficultés à la mettre réellement en œuvre. La polarisation extrême qu’on observe dans la société est également un problème important, et contribue à la rendre plus pessimiste sur le futur de la démocratie.
Participant aussi aux discussions, le professeur à l’ESG et directeur de l’IEIM François Audet a mentionné l’importance de la montée des inégalités dans le déclin de la démocratie et la présence de nouveaux modèles de gouvernance alternatifs, en compétition avec le modèle de la démocratie occidentale. La dominance de ce dernier, existant depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, est contestée par les inégalités mais aussi la désinformation. Il s’est montré sceptique quant au futur de la démocratie, incapable de régler ses problèmes d’iniquités, et au futur sommet pour la démocratie, qui risque de ne pas réussir à agir de façon structurante.
Suivant le panel, le professeur de science politique Yves Couture, membre de la Chaire UNESCO d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique, a pu livrer une réflexion finale pour regrouper les discussions. Il a mentionné l’importance de problématiser la définition de démocratie, en notant les divergences importantes et croissantes existant entre les différentes visions du même concept, et la facilité avec laquelle on peut vouloir imposer une vision unique de la démocratie.
L’IEIM remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué au succès de cet événement !