Dans le cycle de séminaires "Pouvoir, entreprises et régulation dans la mondialisation"
Résumé
Un résultat récurrent des études économiques menées en France sur les effets de la mondialisation sur l’emploi montre qu’au niveau macroéconomique les délocalisations ne sont responsables que d’une très faible partie des emplois détruits qui le sont principalement par les gains de productivité.
En premier lieu, ce constat global cache des réalités locales très disparates : certains territoires peuvent être choqués par ces délocalisations pour une partie majeure de leurs emplois, lorsqu’ils sont spécialisés dans des activités particulièrement vulnérables. Dans la mesure où ces chocs locaux ne sont pas compensés par une mobilité du travail vers les régions en difficulté recrutement, les effets pour l’emploi et le système productif local de ces délocalisations non seulement ne doivent pas être sous-estimés mais surtout doivent être mieux identifiés et même anticipés.
En second lieu, les approches traditionnelles tendant à prédire des effets négatifs de la mondialisation ou des délocalisations uniquement sur les travailleurs peu qualifiés est remise en question lorsque l’on appréhende les différentes types de tâches portées par les travailleurs qualifiés (ingénieurs, techniciens…) ou peu qualifiés (ouvriers, employés) : les tâches routinières de production concrète et d’exécution sont davantage exposées aux effets de la mondialisation pour tous les niveaux de qualification. Ainsi, un territoire singulièrement spécialisé dans les activités fortement exposées à la délocalisation et dans lequel la part des tâches routinières de production concrète sont particulièrement élevées par rapport à d’autres territoires, est susceptible de connaître davantage les risques de la délocalisation.
E.M. Mouhoud exposera dans cette conférence les résultats de deux études récentes sur le cas Français. La première porte sur l’impact des délocalisations sur l’emploi selon une décomposition par types de tâches de 4000 entreprises françaises (1) . La seconde analyse identifie les facteurs de « délocalisabilité » des activités industrielles et les rapporte aux caractéristiques propres des territoires, en termes de spécialisation sectorielle et de caractéristiques des emplois qu’ils accueillent (2). Un indice de vulnérabilité est construit et mesuré à un niveau fin de la nomenclature des produits (NAF 700 produits) et au niveau des 321 zones d’emplois (3).
1-Laffineur C., Mouhoud E.M. (2014) « The jobs at risk from globalisation : the French case », forthcoming Review of World Economy.
2- Hugues Jennequin et E.M. Mouhoud (2014), Mesurer et prévenir la vulnérabilité des territoires face au risque de délocalisation, Etude pour le DGCIS (Ministère du Redressement Productif) et la DATAR, Paris.
3- Selon l’INSEE, une zone d’emploi est un « espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts ». Le découpage de la France est alors effectué en 322 zones d’emplois.
Monsieur E.M. Mouhoud est professeur d’économie PSL, Université Paris-Dauphine, France, directeur du GDR I CNRS DREEM-EUROMED n° 199 et directeur du Master Affaires Internationales de la même université. ( Voir son CV au complet)
Quand : Jeudi 18 décembre à 17:30.
Où : A-1715. Pavillon Hubert-Aquin. Metro Berri-UQAM
Plus de renseignements contacter Daniel Bonilla par téléphone au 514 987-3000 poste 3910 ou par courriel bonilla.daniel@uqam.ca