Résumé
Comme le montrent la condamnation de la Chine par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour ses règlements dans le domaine audiovisuel et l’accord de libre-échange entre la Corée du Sud et les États-Unis affectant les politiques audiovisuelles coréennes, la conquête des marchés cinématographiques asiatiques reste un enjeu économique considérable pour les États-Unis et Hollywood compte tenu du potentiel énorme du marché. D’ailleurs, l’ouverture imminente du marché cinématographique chinois illustre une défaite paradoxale de la Convention sur la diversité des expressions culturelles (CDEC). Le système chinois quasi-imperméable tend à s’ouvrir de plus en plus aux produits audiovisuels non nationaux grâce au principe du libre-échange véhiculé par l’OMC, tandis que, jusqu’à présent, les Parties à la CDEC souhaitaient privilégier le consensus politique plutôt que dénoncer des politiques culturelles strictes, comme celles de la Chine qui interdisent l’accès équitable à une expression culturelle diversifiée.
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Commentaires
Merci pour cet article toujours aussi bien documenté, mais qui une fois de plus me confirme que l’approche par « la diversité des expressions
culturelles » n’a aucun avenir politique et qu’il faudrait revenir à
l’approche par « la diversité culturelle », celle de l’universalité du
développement humain.
De ce point de vue, je vous avoue que je ne parviens pas à comprendre pourquoi vous faites la dissociation entre une sphère « artistique » et une sphère « marchande », car la sphère marchande par définition des fondements du libéralisme depuis Smith, Say et encore plus Walras, n’est là que pour répondre aux attentes, satisfactions, désirs, besoins donc aux identités culturelles des êtres libres dotés de raison.
La question est ailleurs : où est le lieu de la détermination des valeurs
culturelles (comme artistiques) pour faire humanité ? La réponse de la
déclaration était la démocratie dans le respect de la dignité des identités culturelles des personnes respectant elles-mêmes les droits de l’homme. La réponse de la convention 2005 est bêtement : le marché des offres de produits de l’offre culturelle industrialisée, régulé dans ses écarts par quelques mesures étatiques !
Cette réponse n’a plus de sens et vous le montrez bien. Il faut donc
revenir à « Diversité » égale faire humanité ensemble dans le respect de la dignité des personnes, et non faire « chiffres d’affaires » !!
En tout cas, je tiens à vous communiquer l’article sur le PCI que j’ai
présenté dans un colloque à l’UNESCO récemment et j’espère que vous aurez l’opportunité de me faire vos observations sur l’essai que j’ai publié aux éditions de l’Irma « Culture et développement durable : il est temps
d’organiser la palabre ».
Bien cordialement à vous,
Jean Michel Lucas
Je vous remercie de votre note de recherche, bien écrite et bien pensée.
Elle prouve la subordination de la Convention diversité culturelle à l’OMC, ce que je n’ai jamais écarté.
Quelques réflexions :
Je vous remercie de votre note de recherche, bien écrite et bien pensée.
Elle prouve la subordination de la Convention diversité culturelle à l’OMC,
ce que je n’ai jamais écarté.
Quelques réflexions :
- On peut imaginer que l’OMC aurait pu se dessaisir en estimant nécessaire par exemple de consulter l’autre agence onusienne, l’UNESCO (?)
- On peut imaginer que l’Union européenne, signataire pour elle-même, ait déposé des conclusions infirmant la compétence de l’OMC (?)
- Ça ne fait que commencer. Le Brésil, l’Inde (la Russie) dans le même genre d’affaires choisiront l’OMC contre l’UNESCO.
- Le fait même que l’UNESCO soit incapable d’activer un fonds crédible pour la diversité culturelle (prévu par la Convention) va évidemment à terme démobiliser les pays du Sud à faible capacité culturelle qui avaient accueilli avec enthousiasme cette convention (porteuse il est vrai d’un certain optimisme assez rare dans les relations internationales au 20e siècle. Le 21e siècle, lui aussi, commence mal de ce point de vue (?)
- La France est complètement sortie du jeu pendant la présidence Sarkozy, s’astreignant au minimum s’agissant de cette Convention dont elle était l’initiatrice.
- Merci pour votre travail. Je lis certaines choses souvent inexactes sur ces questions. Votre texte me rassure.
Cordialement,
Yvon THIEC