Avec Marie Nathalie LeBlanc
(Ph. D. University College London, UK, 1998), anthropologue de formation, Marie-Nathalie Leblanc a été recrutée comme professeure au Département de sociologie de l’UQAM en 2007. Auparavant, elle a été professeure au Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia (1997-2007). Ses travaux portent principalement sur le changement social et les jeunes dans le contexte de la mondialisation en Afrique et ailleurs. Elle s’intéresse plus particulièrement aux transformations religieuses et à la culture populaire. À ce sujet, elle a dirigé une recherche sur la culture hip-hop et les réseaux de socialisation et sur Les processus d’identification chez les jeunes Chrétiens et Musulmans en Côte d’Ivoire. Elle participe à diverses équipes de recherche sur les jeunes et la religion, les réseaux musulmans, la religion et la modernité, ainsi que les médias visuels en Afrique. Depuis 2008, elle est membre du Groupe de recherche interdisciplinaire sur l’Afrique qui aborde la question des relations intergénérationnelles en Afrique et du groupe de recherche sur les espaces publiques islamisés en Afrique de l’ouest financé par l’Agence national en France. Elle est chercheure principale de l’Axe démocratisation, Société civile et mouvements sociaux de la Chaire C.-A Poissant à l’UQAM. Elle est aussi membre du Centre d’études ethniques des universités montréalaises, ainsi que de l’équipe Diversité urbaine. Elle a publié de nombreux articles notamment dans les Cahiers d’Études Africaines, Africa, African Affairs et Journal of Religion in Africa. Elle a codirigé un numéro spécial d’Anthropologie et Société sur la religion et la modernité, et un autre dans Africa Today sur l’Islam et le néo-libéralisme. Elle a présidé la section intitulée Visual and Performance Culture in Africa and the Diaspora de la conférence annuelle de l’African Studies Association en 2004. Elle a été rédactrice francophone de la Revue Canadienne d’Études Africaines entre 2000 et 2006.
Résumé de la conférence-midi :
Les études récentes sur la religion notent la place grandissante que les revendications religieuses prennent dans la sphère publique à travers la contestation morale, culturelle et politique (Casanova 1994 ; Haynes 1998 ; Hefner 2001). Cette mobilisation entraîne une remise en question du rapport entre religion, État et société civile. Dans cette communication, nous proposons de sonder le rôle des musulmanes ivoiriennes dans ces débats. La transformation de l’activisme religieux féminin à partir des années 1990 relève des dynamiques du renouveau de la pratique religieuse qui s’est manifesté principalement dans la construction de mosquées, la création d’associations confessionnelles et la multiplication des média islamiques. Au-delà de leur participation très nombreuse dans les mouvements associatifs et du focus sur le corps féminin qui marque les discours du « bon musulman » (voir Alidou, 2008 ; Masquelier, 2008 ; LeBlanc, 2007, 2009), les femmes, jeunes et plus âgées, commencent à affirmer leur autorité sur l’espace publique. Il importe ici de rendre compte des stratégies utilisées par les musulmanes ivoiriennes afin de revendiquer et gagner une légitimité morale, et même une certaine autorité religieuse au sein de leur communauté. L’intérêt pour la question de la féminisation de l’autorité religieuse découle de la manière dans laquelle les femmes font appel à leur engagement religieux afin de redéfinir leurs rôles dans la sphère publique et dans l’espace domestique. De fait, les revendications et les expressions de l’agentivité (agency) religieuse des femmes dévoilent, à la fois, les enjeux de leur positionnement social et familial. À travers leurs actions et l’adoption d’une pratique cultuelle rigoureuse, certains leaders féminins bousculent divers stéréotypes au sujet du rôle de la femme en Islam. De fait, les parcours religieux de certaines femmes montrent dans quelle mesure elles investissent l’espace public en arrimant leurs activités au plan local, national et parfois international, et parviennent à ce qu’un débat s’instaure sur le rôle des musulmanes dans la société ivoirienne. Nous examinerons les trajectoires de quelques leaders féminins dans le but de rendre compte, à la fois, de l’émergence de nouvelles expressions de la féminisation du religieux et des stratégies propres aux femmes dans la moralisation de la société ivoirienne. Cette communication est le résultat d’un terrain ethnographique mené en 2008, et d’entretiens auprès de femmes leader en 2009.
Entrée libre
Lunch permis