Le Japon est l’un des plus importants donneurs parmi les membres du Comité d’Aide au Développement de l’OCDE : de 1991 à 2001, il a occupé la première place et depuis 2001, il fluctue entre première et seconde position. Il est le premier donneur en Asie, région désormais incontournable dans les rapports mondiaux mais où les inégalités et la pauvreté demeurent très importantes.
Le cas du Japon, seul donateur membre du CAD non-occidental, est intéressant à plusieurs égards. D’une part les particularités de son aide, le « modèle japonais », sont considérées comme l’un des facteurs principaux de la croissance et du développement des nouveaux pays industrialisés d’Asie. D’autre part, l’aide publique au développement revêt une signification particulière pour le Japon, en raison des restrictions imposées par l’article 9 de sa Constitution.
Pour le portrait de ce donateur, nous présenterons d’abord les spécificités de sa politique d’aide, puis nous commenterons les principales statistiques de son APD. Comprendre la politique d’aide actuelle du Japon nécessite la connaissance de certain éléments historiques, c’est pourquoi nous présentons rapidement le "modèle japonais" avant de nous pencher sur la structure de gestion, les principes et les enjeux de l’aide japonaise.
Le modèle japonais
Les restrictions imposées par sa Constitution ont eu pour conséquences de faire de sa politique d’aide un instrument de privilégié de politique étrangère ainsi que le baromètre de sa présence internationale. Ne pouvant plus fonder sa puissance sur des facteurs militaires, le Japon a décidé de se concentrer sur la construction d’une puissance économique, et d’utiliser l’APD pour atteindre cet objectif .
Le modèle japonais fait référence à un ensemble de spécificités qui caractérisent l’aide du pays. Tout d’abord, le Japon délivre son aide en se basant sur sa propre expérience de pays récipiendaire, ainsi que sur le fait que son aide ait contribué pour une large part au décollage des nouveaux pays industrialisés d’Asie (NPI). Ensuite, il met l’accent sur le « respect de l’indépendance du pays bénéficiaire et le soutien à ses efforts d’auto-assistance » . Cela se traduit par sa position de non interférence et par les modalités de la distribution de son aide (request based approach). Selon lui, « la croissance économique est le moteur principal du développement » et l’aide doit contribuer à créer les conditions d’une croissance économique pérenne. Par conséquent, il faut axer l’aide sur un ensemble de facteurs qui favorisent le développement du secteur privé, car c’est le développement du secteur privé qui est à la base de la croissance (développement d’infrastructures et des ressources humaines, transferts de technologie, mise en place d’un système juridique, etc.). Enfin, le Japon met l’accent sur l’importance de rembourser les dettes contractées
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