Par Claude Gauvreau
L’Uruguay est un petit pays méconnu de trois millions et demi d’habitants, dont le niveau de vie est l’un des plus élevés du continent latino-américain. Sa capitale, Montevideo, a accueilli l’été dernier le premier Institut international d’études d’été de l’UQAM, l’UQAMERCOSUD.
En juillet et août, une quinzaine d’étudiants de l’UQAM et de l’Université de Montréal, inscrits à différents programmes de sciences humaines et de communication, ont participé à des séminaires à l’Université de Montevideo et réalisé sur le terrain des projets de recherche personnels. Appuyé par le Service des relations internationales de l’UQAM et le Collège des Amériques (une organisation universitaire interaméricaine), le projet UQAMERCOSUD est le fruit des initiatives de quatre professeurs : Carmen Rico de Sotelo, Lise Renaud et Jacques Rhéaume, du Département de communication sociale et publique et membres du groupe de recherche sur la communication et l’Amérique latine (COMAL), ainsi que Victor Armony, du Département de sociologie.
« Cette expérience pilote n’avait pas de précédent à l’UQAM et a été couronnée de succès, souligne Victor Armony. C’est la professeure Carmen Rico de Sotelo, d’origine uruguayenne, qui a conçu le projet et m’a convaincu d’y participer. Elle est présentement en Uruguay pour consolider les liens entre les universités, car il y aura un deuxième Institut d’études l’été prochain. »
Développer une expertise internationale
L’Institut vise à permettre aux étudiants de développer une expertise internationale et de se familiariser avec les institutions économiques et politiques locales, dans une perspective d’études comparées entre l’Uruguay, le Québec et le Canada. L’un des séminaires offerts l’été dernier, dirigé par le professeur Armony, portait sur les nouveaux contextes politiques dans les pays membres du Mercosur, nom donné au marché commun de l’Amérique du Sud créé en 1991 par l’Uruguay, le Brésil, l’Argentine et le Paraguay, et dont la capitale, Montevideo, est aussi appelée la « Bruxelles du Sud ».
L’autre séminaire était consacré au thème « Communication et santé ». La réforme du système de santé en Uruguay, comparée à celles réalisées au Québec, était au centre des réflexions : représentations sociales de la santé, notions de prévention, de promotion et de protection, architecture du réseau de la santé, stratégies communicationnelles, etc. Le séminaire a permis notamment la publication d’une monographie, Interventions de santé en Uruguay, sous la direction de la professeure Lise Renaud et de l’étudiant Guillaume Martel.
Parallèles Québec-Uruguay
Le choix de l’Uruguay pour établir l’Institut d’études tient à plusieurs facteurs. Situé entre l’Argentine et le Brésil, les deux géants de l’Amérique latine, l’Uruguay constitue d’abord un intéressant poste d’observation des relations entre les pays de la région. « L’Uruguay est aussi porteur d’enseignements politiques, ajoute Victor Armony. On y trouve un État-providence relativement développé par rapport à d’autres pays du continent et une expérience de gouvernance démocratique qui s’incarne dans une coalition de partis politiques de gauche, au pouvoir depuis 2004. L’Uruguay a su résister à la vague néolibérale des années 90 et a tenu des référendums sur la privatisation de grands services et entreprises, auxquels la population a dit non. »
Selon le professeur, on peut tracer certains parallèles entre le Québec et l’Uruguay. « Ce sont deux petites sociétés ayant une culture politique social-démocrate, des préoccupations d’égalité et de justice sociale, ainsi qu’une volonté de ne pas céder à la marchandisation dans les domaines de la santé et de l’éducation. »
L’expérience de l’Institut se répétera l’été prochain et l’appel de candidatures a été lancé. « Nous visons à recruter plus d’étudiants que l’an dernier, lesquels pourront compter sur des bourses de l’Office Québec-Amérique pour la jeunesse (OQAJ) et du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). L’Université de Montréal joindra ses forces aux nôtres, de même que l’Université de la République de l’Uruguay, l’Université de Buenos Aires et plusieurs autres universités argentines. Les séminaires se tiendront du 7 au 24 mai prochain, non seulement en Uruguay, mais aussi en Argentine », souligne avec enthousiasme Victor Armony.
Source : Journal L’UQAM, vol. XXXV, no 10 (26 janvier 2009)