La petite histoire de l’exposition De la Renaissance à la Révolution : aux sources de la Modernité, qui a lieu en ce moment à la Bibliothèque centrale, est peu banale. Il y a dix ans, Normand Trudel, bibliothécaire conservateur de livres anciens au Musée Stewart jusqu’à récemment - il vient d’accepter le poste de bibliothécaire des livres rares et des collections spéciales de l’Université de Montréal - s’est inscrit à un cours virtuel développé par Josiane Boulad-Ayoub sur les grandes figures intellectuelles du monde moderne, de la Renaissance à la Révolution.
Ce cours a changé sa vie, affirme-t-il sans ambages. « Mme Boulad-Ayoub m’a fait découvrir des auteurs que je ne connaissais pas. Sa façon d’enseigner et d’expliquer les choses m’a donné le goût d’aller aux sources premières. J’étais alors inscrit au baccalauréat en histoire. Je pense qu’elle est indirectement responsable de ma vocation. Je m’étais dit qu’un jour je devrais faire quelque chose pour la remercier », poursuit-il.
« Il est venu me voir l’an passé, raconte son ancienne professeure, et m’a dit qu’il voulait organiser une exposition inspirée de mon cours au Musée Stewart en collaboration avec l’UQAM, en se servant des livres rares des deux institutions ». Peu de temps après le début du projet, des travaux de rénovation débutent au Musée Stewart et le conservateur quitte son poste pour l’Université de Montréal, mais le projet est maintenu sur une plus petite échelle. Martin Nadeau, un ancien doctorant en histoire et chargé de cours à l’UQAM, prend le relais de Normand Trudel et l’exposition a lieu à la Bibliothèque centrale de l’UQAM.
Constituée d’une trentaine d’éditions rares ou originales de livres qui ont marqué la période allant de la Renaissance à la Révolution, l’exposition présente des œuvres d’Érasme, Thomas More, Da Vinci, Copernic, Machiavel, Montaigne, Newton, Descartes, notamment. Le vernissage aura lieu à la Bibliothèque centrale, le 29 janvier à 17h30.
Une salle de cours virtuelle
L’intérêt de Josiane Boulad-Ayoub pour le Web ne date pas d’hier. Elle n’est pas peu fière de dire qu’elle a lancé le premier site Web départemental de l’UQAM alors qu’elle était directrice du Département de philosophie. Il y a dix ans, elle a eu l’idée de monter un cours sur le net avec son collègue François Blanchard et quelques étudiants. Le cours comporterait des textes inédits et des capsules audio réalisées par Radio-Canada. « C’est un cours de culture générale sur l’histoire des idées, des événements, des institutions, pour donner aux étudiants un sens historique, c’est-à-dire comment s’articulent les idées, les inventions », explique Mme Boulad-Ayoub.
Le cours est à nouveau proposé aux étudiants à la session d’hiver 2009 (www.phi2080.uqam.ca). Le site a été réécrit selon les normes actuelles par le webmestre, Pascal Riendeau, étudiant de 3e année du baccalauréat en philosophie qui a également remis à jour le contenu avec Guillaume Simard, un ancien étudiant de Mme Ayoub, actuellement professeur au cégep de Saint-Jérôme. L’encadrement des étudiants repose sur le courrier électronique et le forum interactif.
Donner un tel cours est très contraignant, avoue la professeure. Les étudiants s’attendent à une réponse dès qu’ils ont envoyé leur question. « Je n’ai pas encore trouvé la façon de gérer mon temps. On dirait que moi aussi je suis prise de frénésie. » C’est comme cela qu’elle s’est trouvée à 2h du matin en train de répondre aux questions d’un étudiant sur Spinoza.
« Je veux que ce cours soit mon legs à la communauté uqamienne. Il ne s’adresse pas qu’aux étudiants en philosophie. Il peut intéresser les étudiants de toutes les disciplines. Il comporte une dimension histoire de l’art, une dimension scientifique et une dimension historique. On y présente bien sûr de grands auteurs philosophiques, mais on a avantage surtout à les fréquenter », conclut-elle.
Source : Journal L’UQAM, vol. XXXV, no 10 (26 janvier 2009)