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Pierre-Paul St-Onge

Les faiblesses du système électoral

16 janvier 2009

Domingo Santacruz, directeur de la Coordinadora para la Reconstruccion y desarrollo (CRD), disait craindre la réaction de la population en cas de fraude électorale évidente. En effet, après 17 années de processus démocratique la situation pourrait être explosive. C’est pourquoi le FMLN notamment salue la présence d’observateurs internationaux. Une fraude est possible en raison du contexte actuel et de certaines failles du système électoral.

L’ARENA, le parti au pouvoir depuis 1994, est menacé par le FMLN qui a fait une percée importante lors des dernières élections. Le parti de gauche a remporté la mairie de presque toutes les grandes villes lors des élections. De plus, il est arrivé nez à nez avec l’ARENA lors des élections législatives de 2006. Les sondages semblent donner 10 à 20 points d’avance au FMLN pour les élections présidentielles et ce depuis un an, 9 points aux législatives et 7 points aux municipales.

Selon Sigfrido Reyes, député du FMLN aux élections législatives, il y a une régression dans le processus démocratique depuis 1997. Il n’a pas confiance dans le système actuel ni dans le Tribunal suprême électoral (TSE) car ce dernier est aux mains des partis de droites. Le TSE est la première faiblesse du système démocratique salvadorien. Tel que je l’ai expliqué dans le texte sur le TSE, ce dernier est juge et partie. Même, si les principaux partis y sont représentés, comme il ne s’agit pas d’une instance neutre, les abus sont toujours possibles et les décisions sont sous influences partisanes. Le FMLN demande l’établissement d’un consensus pour établir les règles électorales.

L’une des décisions prises par le TSE est la validation du bulletin de vote même si le bulletin n’est pas signé par le secrétaire d’élection alors que ce dernier a l’obligation de le signer. Auparavant, un bulletin non signé était rejeté. L’une des craintes du FMLN est que certaines personnes profite de cette occasion pour développer une fraude à la chaine. Dans ce cas un électeur qui va voter, il prend le bulletin, va à l’isoloir, mais au lieu de cocher le bulletin il sort un faux bulletin de sa poche et y dépose le vrai bulletin en cochant le parti adverse. Ensuite, il retourne au bureau de vote et dépose le faux bulletin dans la boîte de scrutin. Par après, il donne le vrai bulletin à un autre électeur qu’il paie pour qu’il aille déposer le bulletin coché dans l’urne et ramène un nouveau bulletin, et ainsi de suite. En revanche, le secrétaire devra payer une amende de 100$ par bulletin de vote non signé. Mais le parti ARENA pourrait assumer ces frais car il a beaucoup d’argent à sa disposition.

Le financement des partis politiques est d’ailleurs une autre faiblesse du système électoral salvadorien. Comme le mentionne Transparency international, le Salvador est l’un des rares pays où il n’y a pas d’obligation pour les partis politiques de déclarer leur financement, à l’instar de l’Albanie, de Madagascar, du Sri Lanka et de la Suisse. Le FMLN demande que cela change également.

L’autre faiblesse du système électoral est l’opacité des listes électorales, il n’y a aucun moyen de vérifier où vivent les gens. C’est comme une boîte noire dans laquelle on ne sait pas ce qu’il y a. Selon le dernier recensement il y aura 5.7 millions de citoyens. Le Tribunal Suprême internationa évalue à 4.2 millions le nombre d’électeurs. 1.5 million d’enfants c’est très peu. L’exemple de San Salvador est particulièrement évocateur. Sur 315 000 personnes recensés, il y a 286 000 électeurs ce qui signifie qu’il n’y aurait que 29 000 enfants, alors que l’on sait qu’il y 90 000 enfants dans les écoles. La crainte est que plusieurs personnes votent alors qu’ils n’ont pas le droit ou que certaines personnes votent deux fois.