Les dessins animés ont ceci de magique que, pour notre plus grand plaisir, les personnages, emportés par leur élan et le plus souvent par leur bêtise, peuvent continuer de courir dans le vide jusqu’à ce qu’ils finissent par prendre conscience de leur situation, avec le résultat qu’on devine. À voir aller l’administration Bush dans sa gestion des dossiers économiques depuis son entrée en fonction, c’est l’image qui me vient immédiatement à l’esprit. Jamais en effet n’aura-t-on vu une administration présidentielle jongler avec les problèmes avec autant de légèreté et mêler avec autant de brio démagogie libérale et intérêts partisans. Et ce, avec une assurance d’aller dans la bonne direction qui n’a d’égale que la conviction que tout devrait rentrer dans l’ordre rapidement et que l’économie américaine devrait sortir plus forte que jamais des épreuves qu’elle traverse. Le problème pour elle, c’est que les choses sont loin de se passer comme elle le souhaiterait. Ce ne sont plus seulement les milieux d’affaires qui doutent mais également les consommateurs comme le révèle le plongeon de l’indice de confiance de l’université du Michigan en février. Tout comme en 1991, celui-ci est en effet en train de chuter dramatiquement, touchant en février son plus bas niveau depuis septembre 19931. De même, les critiques de la politique économique ne viennent plus seulement des analystes et des milieux financiers, mais également des économistes, de plus en plus nombreux à dénoncer tant l’irresponsabilité financière de l’administration Bush que l’inéquité et l’inefficacité des réformes fiscales que celle-ci entend mettre en oeuvre2. Jusqu’au président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, lui-même, qui est venu littéralement sermonner l’administration et lui donner un véritable cours de discipline budgétaire lors de la présentation semi-annuelle de la politique monétaire devant le Congrès le 11 février dernier.
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