Pérou
Le deuxième tour du scrutin présidentiel péruvien a confirmé la victoire attendue du
candidat Alejandro Toledo Manrique, lui qui avait boycotté le deuxième tour de l’élection
présidentielle de 2000, entachées d’irrégularités. Cette élection avait reconduit au pouvoir, pour
un troisième mandat d’affilée, Alberto Fujimori. La surprise de cette élection fut davantage le
retour en force de l’APRA et de son chef, l’ancien président Alan Garcia (1985-1990) qui passa
au deuxième tour et réussit à capter près de 47 % du vote. La gestion économique
catastrophique de l’époque avait conduit le pays dans un véritable climat d’anomie sociale,
ponctué par le renforcement des mouvements de guérillas d’extrême gauche et l’hyper
inflation. La plupart des sondages et des analystes prévoyaient un deuxième tour entre Toledo
et la conservatrice Lourdes Flores Nano. Après une décade de fujimorisme, la dernière élection
s’est déroulée sans anicroche majeure et dans un climat de reconsolidation des partis politiques
et des mouvements indépendants de la société civile.
La passation des pouvoirs aura lieu le 29 juillet, sur le site mythique du sanctuaire
historique de Machu Picchu. Promesse électorale du candidat Toledo, se voulant à la fois un
signe de décentralisation politique du pays et un hommage aux cultures indigènes du Pérou
dont il est descendant, la cérémonie protocolaire réunira près de 300 dignitaires en ce haut lieu
de la culture péruvienne. La tâche sera par contre lourde pour le nouveau gouvernement élu
démocratiquement et dont la population, et plus particulièrement la classe moyenne, est
présentement en réorganisation afin de construire un mouvement de vigilance citoyenne.
L’équipe de l’ex économiste de la Banque mondiale fera face à d’importants défis après dix
années de régime autoritaire et de réformes néo-libérales ayant provoqué une
désindustrialisation du pays et la stagnation actuelle de l’économie. Les premières tâches
d’importance du gouvernement Toledo se situeront sur le plan des relations extérieures,
économique et judiciaire.
(Suite dans le document joint)