2e colloque international du CIREM 16-18
Avec la participation de plusieurs membres de la Chaire UNESCO d’études des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique.
L’histoire et l’historiographie des courants de pensée mobilisent abondamment les suffixes en –isme afin de désigner des principes identitaires, des proximités et des démarcations, bref, de construire des nomenclatures à ancrage souvent polémique. La période moderne, qui débute à la Renaissance (XVIe siècle) et se termine au début du XIXe siècle, occupe à cet égard une place privilégiée pour trois raisons principales.
D’une part, nous continuons aujourd’hui d’utiliser plusieurs catégories historiographiques dans la recherche et l’enseignement sur la période moderne, sans nécessairement les interroger : par exemple l’« empirisme », le « matérialisme », le « classicisme », le « baroque » ou le « romantisme », etc. Plus largement, l’institutionnalisation de l’historiographie de la littérature et de la philosophie et l’autonomisation de l’histoire des sciences, des religions et des arts se sont accompagnées de la création d’un répertoire dont les effets sont encore pérennes. Ensuite, l’époque moderne forge ou renouvelle ses propres catégories afin de spécifier son identité. L’« humanisme » sert par exemple à désigner une nouvelle représentation de la nature humaine à la Renaissance, qui s’oppose à la vision théologique et scolastique et à partir de laquelle la nouvelle philosophie doit à son tour se positionner. Le « cartésianisme » prend son sens par démarcation d’avec l’« aristotélisme », lequel est ensuite réinvesti au titre de nouvelles formes. Enfin, nos méthodes et résultats d’historiennes et d’historiens sont actuellement mis en cause par des disciplines s’étant de leur côté activement engagées dans une démarche d’autocritique : l’histoire intellectuelle (en particulier sa branche ancrée dans l’histoire des sciences) et, plus largement, les sciences sociales.
Une des cibles de ces critiques est précisément l’« essentialisme » que trahit l’usage aussi permanent qu’incontrôlé de ces –ismes. Cette critique vise aussi les études littéraires, jugées souvent trop promptes à reconduire aveuglément des catégories et à négliger l’étude des conditions matérielles, institutionnelles et plus largement conjoncturelles de ces productions culturelles.
Revenir sur les –ismes est ainsi une façon de faire leur plein droit à ces critiques et de se demander quel type de réponses circonstanciées peuvent leur apporter les humanités. Ce colloque international s’intéressera à l’étude des –ismes et plus largement aux catégories historiographiques à l’époque moderne depuis une perspective pluridisciplinaire (littérature, philosophie, histoire et histoire de l’art). Il pourra s’agir d’étudier ces catégories telles que forgées pendant la période moderne ou employées ultérieurement par les chercheurs pour traiter de cette même période.
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